Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand
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Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique<br />
Composite Trame par dØfaut<br />
Toute comparaison des <strong>droits</strong> est une fiction 65<br />
rapport au « réel juridique » auquel elle renvoie, doit permettre<br />
au comparatiste d’apprécier à sa juste valeur sa<br />
recherche et lui éviter de l’aborder comme étant la seule susceptible<br />
de fidèlement reprendre la réalité. La valeur du propos<br />
du comparatiste dépend directement du savoir-faire de ce<br />
dernier, soit de son aptitude à construire un monde de la comparaison<br />
permettant, mieux que d’autres mondes de la comparaison,<br />
d’y placer <strong>les</strong> normes issues des différents <strong>droits</strong><br />
comparés afin d’en révéler <strong>les</strong> sens possib<strong>les</strong> et, dès lors, aux<br />
yeux du lecteur du moins, de jeter sur el<strong>les</strong> un meilleur éclairage<br />
que celui proposé par d’autres comparatistes 96 . Mais,<br />
puisque chaque texte est susceptible d’être dépassé par une<br />
interprétation jugée davantage lucide, jamais tel ou tel autre<br />
discours de la comparaison ne pourra fixer le droit dont il<br />
parle ou en imposer « le » sens. Ainsi la relativité semble<br />
bien devoir constituer l’un des piliers d’un entendement adéquat<br />
à la complexité d’une démarche comparative, qui<br />
représente/interprète tout à la fois.<br />
V | DE LA VÉRITÉ DE LA COMPARAISON<br />
Estimant que tous <strong>les</strong> discours, qu’ils soient factuels ou<br />
fictionnels, reposent sur des conventions arbitraires et qu’ils<br />
n’ont, somme toute, rien à voir avec la vérité, <strong>les</strong> théoriciens<br />
de l’ « intégrationnisme » ont reformulé la problématique 97 .<br />
De leur point de vue, il y a lieu de parler le langage de la<br />
« pertinence » ou du « possible » 98 . La coupure avec <strong>les</strong><br />
valeurs logiques traditionnel<strong>les</strong>, devenues indifférentes, est<br />
96. Le succès de l’entreprise de persuasion auprès du lecteur ne sera pas étranger<br />
au fait qu’ « au-delà de la signification littérale des énoncés de fiction, ceux-ci<br />
transmettent indirectement un “message” qui donne à la fiction sa valeur » :<br />
Reboul, op. cit., note 41, p. 44. Cet auteur montre d’ailleurs qu’à la rigueur « dans <strong>les</strong><br />
énoncés de fiction, comme dans <strong>les</strong> métaphores qui interviennent dans le discours<br />
ordinaire, l’intention du locuteur n’[est] pas de communiquer la proposition littéralement<br />
exprimée par l’énoncé mais plutôt de transmettre certaines implications<br />
contextuel<strong>les</strong> de cet énoncé » : id., p. 45.<br />
97. J’emprunte son concept à Pavel, op. cit., note 6, p. 20.<br />
98. Voir respectivement Reboul, op. cit., note 41, p. 38, et Genette, op. cit.,<br />
note 7, p. 99, où l’auteur attribue cette qualification à Aristote.<br />
<strong>Legrand</strong>1.prn<br />
V:\55125\55125.vp<br />
mercredi 8 avril 2009 16:24:09<br />
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