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Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand

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Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique<br />

Composite Trame par dØfaut<br />

148 Igor Stramignoni<br />

classifier, mais aussi interpréter ses règ<strong>les</strong> et ses pratiques,<br />

étudier son milieu de référence, examiner ses fonctions vita<strong>les</strong><br />

et ses conflits, voilà ce qui occupe et préoccupe aujourd’hui<br />

l’anxieuse connaissance comparatiste alors qu’elle fait retour<br />

sur l’Autre.<br />

Mais, par-delà toutes <strong>les</strong> représentations de plus en plus<br />

circonstanciées qu’elle propose de l’Autre, quel pourrait être<br />

pour la connaissance comparatiste moderne le fond de son<br />

secret, c’est-à-dire le reste secret ou plutôt imprévu de son<br />

retour tant sur l’Autre que sur elle-même ? Il me semble que<br />

l’on ne peut plus parler de comparaison des <strong>droits</strong> sans se<br />

poser cette question essentielle. Or le problème n’est pas tant<br />

de se demander si la comparaison peut encore être possible<br />

après la rencontre d’une connaissance avec un signe – car ce<br />

n’est pas là que réside l’incontournable altérité de la comparaison,<br />

l’incontournable altérité de l’Autre en droit –, mais<br />

plutôt comment elle peut l’être. La science, paradigme de<br />

notre époque inquiète 4 , nous propose la comparaison en tant<br />

qu’outil permettant de perfectionner notre connaissance inachevée<br />

5 . Mais, au fond de toute connaissance instrumentale,<br />

au fond même de toute connaissance de l’Autre en droit, une<br />

poétique de la comparaison qui pense son secret, qui pense son<br />

retour, est-elle encore possible ?<br />

ckaert, Paris, L’Harmattan, 1996, p. 73. Cette intensification du logocentrisme<br />

n’empêche toutefois pas le visuel de garder son actualité. Voir en ce sens Peter<br />

Burke, « Images As Evidence in Seventeenth-Century Europe », (2003) 64 J. of the<br />

History of Ideas 273.<br />

4. Pour parler comme Peter Winch, on pourrait dire de la science qu’elle constitue<br />

l’un des « principaux slogans » contemporains : The Idea of a Social Science,<br />

2 e éd., Londres, Routledge, 1990, p. 2 [« chief shibboleths »].<br />

5. Voir par exemple Geoffrey Samuel, Epistemology and Method in Law, Dartmouth,<br />

Ashgate, 2003 ; Gunther Teubner, Le droit, un système autopoïétique, trad.<br />

par Gaby Maier et Nathalie Boucquey, Paris, PUF, 1993 [1989]. Pour une histoire<br />

savante de l’ « épistémè » moderne et de la manière dont le droit s’y situe, voir<br />

W. T. Murphy, The Oldest Social Science ?, Oxford, Oxford University Press, 1997.<br />

Selon l’anthropologue, cependant, comparer revient souvent à « essayer [de] dégager<br />

une science du droit sur un double plan : celui de la théorie conceptuelle [...] et<br />

celui de la théorie explicative de manière à mieux en comprendre la naissance, la<br />

vie et la mort » : Jacques Vanderlinden, Anthropologie juridique, Paris, Dalloz,<br />

1996, pp. 91-92.<br />

<strong>Legrand</strong>1.prn<br />

V:\55125\55125.vp<br />

mercredi 8 avril 2009 16:24:15<br />

148

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