Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand
Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand
Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique<br />
Composite Trame par dØfaut<br />
Approches épistémologiques de la comparaison 127<br />
Un outil de classification<br />
Opération intellectuelle spontanée, la comparaison<br />
apparaît très tôt dans le développement de l’intelligence<br />
humaine 7 . Elle repose sur un mécanisme de perception de ressemblances<br />
et de différences. Cette perception conduit l’observateur<br />
à regrouper <strong>les</strong> objets en classes parce qu’ils se ressemblent<br />
suffisamment pour qu’il estime pouvoir <strong>les</strong> isoler<br />
d’autres objets, jugés différents des précédents – ce qui ne<br />
signifie pourtant pas que ces derniers objets soient nécessairement<br />
ressemblants entre eux. Si, parmi <strong>les</strong> objets isolés du<br />
premier groupe, vont peut-être se manifester de nouvel<strong>les</strong> dissociations<br />
en vertu d’une opération de comparaison subséquente<br />
conduite « à l’interne » par l’observateur, il ne fait<br />
pas de doute que celui-ci pourra effectuer une démarche similaire<br />
dans le groupe des « différents ». Dès lors, de deux choses<br />
l’une : soit le principe de différenciation portant sur le<br />
deuxième groupe est de même nature que celui qui a permis<br />
la dissociation initiale et on aboutit à un affinement de la<br />
division selon un principe constant, soit il est d’une nature<br />
différente et cela va alors obliger l’observateur à reconsidérer<br />
le premier groupe à la lumière de ce nouveau principe de dissociation.<br />
Il convient d’observer au passage qu’un progrès<br />
7. Nous avons approfondi cette question à propos du développement cognitif<br />
du nourrisson dans <strong>les</strong> premiers chapitres de notre ouvrage consacré au raisonnement<br />
juridique, lequel met en parallèle <strong>les</strong> opérations intellectuel<strong>les</strong> de l’enfant dans<br />
sa découverte du monde et cel<strong>les</strong> du doctorant dans la construction de sa thèse.<br />
Voir Marie-Laure Mathieu-Izorche, Le raisonnement juridique, Paris, PUF, 2001,<br />
pp. 19-126 [ci-après Raisonnement juridique]. Cette idée est reprise dans Xavier<br />
Thunis, « <strong>Comparer</strong> : de la réaction spontanée à l’outil méthodique », Anna<strong>les</strong> de<br />
droit de Louvain, 2006, pp. 25-39. Voir aussi Claude Bastien, Les connaissances de<br />
l’enfant à l’adulte, Paris, A. Colin, 1997, pp. 124-142 (à propos du traitement analogique)<br />
et spéc. p. 126 (à propos du modèle proposé par Ernest Rutherford pour la<br />
structure de l’atome d’hydrogène). Sur la fonction heuristique de l’analogie et ses<br />
limites, voir Marie-Laure Mathieu-Izorche, « La pensée métaphorique », dans<br />
Études offertes à Claude Lombois, sous la dir. de Jean-<strong>Pierre</strong> Marguénaud,<br />
Michel Massé et Nadine Poulet-Gibot Leclerc, Limoges, Presses universitaires de<br />
Limoges, 2004, pp. 113-129. À nos yeux, le plus bel exemple d’utilisation de la<br />
recherche des ressemblances reste Douglas Hofstadter, Gödel, Escher, Bach : <strong>les</strong><br />
brins d’une guirlande éternelle, trad. par Jacqueline Henry et Robert French, Paris,<br />
Inter-Éditions, 1985 [1979]. Dans son ouvrage, l’auteur établit un saisissant (et vertigineux)<br />
rapprochement entre <strong>les</strong> fugues de Bach, <strong>les</strong> dessins d’Escher et le théorème<br />
de Gödel.<br />
<strong>Legrand</strong>1.prn<br />
V:\55125\55125.vp<br />
mercredi 8 avril 2009 16:24:14<br />
127