Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand
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Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique<br />
Composite Trame par dØfaut<br />
Toute comparaison des <strong>droits</strong> est une fiction 43<br />
langage, afin de créer, « se fait véhicule de mimèsis, c’est-àdire<br />
de représentation, ou plutôt de simulation d’actions et<br />
d’événements [...]. Le langage est créateur lorsqu’il se met au<br />
service de la fiction » 8 , ce qui est d’ailleurs la raison pour<br />
laquelle « mimèsis » a été plus d’une fois précisément traduit<br />
par « fiction » 9 .<br />
Diction v. fiction. À la lumière de la distinction précédente,<br />
la fiction constitue un usage particulier du langage :<br />
« Entrer dans la fiction, c’est sortir du champ ordinaire<br />
d’exercice du langage, marqué par <strong>les</strong> soucis de vérité ou de<br />
persuasion qui commandent <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> de la communication et<br />
la déontologie du discours. » 10 De même, « [l]e trait spécifique<br />
de l’énoncé de fiction, c’est que, contrairement aux énoncés<br />
de réalité [c’est-à-dire la diction], qui décrivent en outre [...]<br />
un état de fait objectif, lui ne décrit rien d’autre qu’un état<br />
mental » 11 .<br />
Langage référentiel v. langage fictionnel. En diachronie,<br />
<strong>les</strong> linguistes et <strong>les</strong> philosophes du langage se sont<br />
penchés sur le langage référentiel et, ce faisant, sur <strong>les</strong> discours<br />
référentiels, soit « ceux qui prétendent retranscrire<br />
directement un objet du monde ou une expérience d’un objet<br />
du monde » 12 . Portant sur le réel, le discours référentiel s’est<br />
vu assimilé au discours vrai alors que le langage référentiel a<br />
été considéré comme permettant de forger des liens stab<strong>les</strong><br />
entre langage et réalité, c’est-à-dire entre « <strong>les</strong> expressions<br />
linguistiques et <strong>les</strong> états de choses dont el<strong>les</strong> parlent » 13 .Au<br />
contraire, l’on n’hésitait pas à « banni[r] expressément le langage<br />
fictionnel, que l’on estimait préjudiciable au libre mouvement<br />
du langage représentationnel » 14 . Ainsi un énoncé<br />
8. Id., p. 96 [<strong>les</strong> italiques sont de l’auteur].<br />
9. Voir ibid. Deux pages plus loin, Genette renvoie à Käte Hamburger,<br />
Logique des genres littéraires, 2 e éd. trad. par <strong>Pierre</strong> Cadiot, Paris, Le Seuil, 1986,<br />
pp. 207-208 [1968], pour qui « poiètès »et«mimètès » s’équivalent puisque dans<br />
<strong>les</strong> deux cas il s’agit du « faire », « au sens de mise en forme, de production et de<br />
reproduction », soit de l’usage du langage « comme d’un matériau et d’un<br />
instrument ».<br />
10. Genette, op. cit., note 7, p. 99.<br />
11. Id., p. 130.<br />
12. Christine Montalbetti, « Introduction », dans La fiction, sous la dir. de<br />
Christine Montalbetti, Paris, Flammarion, 2001, p. 13.<br />
13. Pavel, op. cit., note 6, p. 7.<br />
14. Id., pp. 7-8.<br />
<strong>Legrand</strong>1.prn<br />
V:\55125\55125.vp<br />
mercredi 8 avril 2009 16:24:08<br />
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