Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand
Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand
Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique<br />
Composite Trame par dØfaut<br />
Le regard de la comparaison 177<br />
« [I]l n’y a aucun sens à se passer des concepts de la métaphysique<br />
pour ébranler la métaphysique ; nous ne disposons<br />
d’aucun langage – d’aucune syntaxe et d’aucun lexique – qui<br />
soit étranger à cette histoire. » 156 Bien entendu, « [l]a qualité<br />
et la fécondité d’un discours se mesurent peut-être à la<br />
rigueur avec laquelle est pensé ce rapport à l’histoire de la<br />
métaphysique et aux concepts hérités » 157 . Il s’agit donc de<br />
poser la question du statut d’un discours, « [p]roblème d’économie<br />
et de stratégie » 158 .<br />
À la différence de Heidegger, Derrida nous invite à ne pas<br />
tourner la page de la philosophie – c’est-à-dire à ne pas tourner<br />
la page de la connaissance comparatiste –, mais plutôt « à<br />
continuer à lire d’une certaine manière <strong>les</strong> philosophes » 159<br />
– donc, <strong>les</strong> comparatistes et <strong>les</strong> comparaisons – et à retourner<br />
ainsi la connaissance non pas parce qu’on pourrait ou devrait<br />
l’achever dans sa totalité, mais plutôt afin de se mouvoir<br />
dans cette connaissance sans centre comme dans un champ<br />
où le jeu est caractérisé par la possibilité « de substitutions<br />
infinies dans la clôture d’un ensemble fini » 160 . Dès lors, la<br />
limite – l’être-limité de la connaissance comparatiste – n’est<br />
pas l’infinité du champ, mais bien son manque d’un centre<br />
« qui arrête et fonde le jeu des substitutions » 161 . Bref, <strong>les</strong><br />
signes « même », « autre », « soi » et « droit » ne seront, chez<br />
Derrida, que des « supplément[s] » 162 . « Le mouvement de la<br />
signification ajoute quelque chose, ce qui fait qu’il y a toujours<br />
plus, mais cette addition est flottante parce qu’elle<br />
vient vicarier, suppléer un manque du côté du signifié. » 163<br />
Et ce jeu, toujours pris dans une certaine tension, que<br />
sera-t-il ? Ce sera « la disruption de la présence » 164 , « toujours<br />
jeu d’absence et de présence » 165 , jeu jaloux 166 , à repenser<br />
156. Id., p. 412 [<strong>les</strong> italiques sont de l’auteur].<br />
157. Id., p. 414.<br />
158. Ibid. [<strong>les</strong> italiques sont de l’auteur].<br />
159. Id., p. 422.<br />
160. Id., p. 423.<br />
161. Ibid.<br />
162. Ibid. [<strong>les</strong> italiques sont de l’auteur].<br />
163. Ibid.<br />
164. Id., p. 426.<br />
165. Ibid.<br />
166. Pour une exploration du thème de la « jalousie », voir Peggy Kamuf,<br />
« Introduction : Reading Between the Blinds », dans A Derrida Reader : Between the<br />
<strong>Legrand</strong>1.prn<br />
V:\55125\55125.vp<br />
mercredi 8 avril 2009 16:24:17<br />
177