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Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand

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Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique<br />

Composite Trame par dØfaut<br />

La comparaison des <strong>droits</strong> expliquée à mes étudiants 241<br />

suite à une analyse strictement différentielle au nom de l’éthique<br />

de la comparaison, qui m’appelle à mon devoir de<br />

reconnaissance et de respect, qui me tient à ma qualité de<br />

témoin. Or cette éthique passe par la (tentative de) mise au<br />

jour de l’authenticité du droit étudié. J’y insiste : cette<br />

logique des singularités n’empêche pas la comparaison. Par<br />

exemple, je me livrerai à l’examen de la rose en mettant au<br />

jour son accessibilité, son prix, sa durabilité et ainsi de suite.<br />

Je ferai de même pour la librairie. Je construirai, chemin faisant,<br />

deux singularités que je comparerai donc, mais que je<br />

ne tenterai pas d’uniformiser en <strong>les</strong> synthétisant. Puisque<br />

j’approfondirai mon travail archéologique, j’en arriverai<br />

d’ailleurs à un moment où la synthèse ne sera plus envisageable,<br />

car j’aurai à ce point singularisé chaque « objet » que<br />

j’en aurai mis au jour une dimension qui ne se laissera pas<br />

harnacher (ce qu’on pourrait appeler le « non-synthétisable »<br />

du droit). Mais si singulier que soit l’ « objet », sa comparaison<br />

avec un autre « objet » singulier reste possible. C’est la<br />

synthèse qui ne l’est plus. Or l’idée qu’il faut que la comparaison<br />

des <strong>droits</strong> débouche sur une synthèse – comme le pensent<br />

Zweigert, Kötz et leurs nombreux discip<strong>les</strong> – doit précisément<br />

être évacuée du champ des études juridiques<br />

comparatives. Ce que fait le comparatiste, c’est d’élucider<br />

deux singularités enchâssées localement, c’est-à-dire inscrites<br />

dans une histoire, une économie, une société loca<strong>les</strong>. Certes,<br />

ce faisant, le comparatiste procède à ce qu’on pourrait appeler<br />

une « ré-inscription narrative ». Il ré-inscrit ces singularités<br />

dans sa propre narration, dans sa propre comparaison.<br />

Mais du moins doit-il, tout au long de cette intervention,<br />

reconnaître et respecter la singularité de chaque manifestation<br />

du droit, ménager <strong>les</strong> traces culturel<strong>les</strong> qu’ « il y a », là.<br />

Je milite donc en faveur d’une autre approche de la comparaison<br />

– de ce que j’appelle la comparaison « autrement<br />

» –, et ce toujours au nom d’une éthique de la comparaison<br />

articulée autour des notions de « reconnaissance » et<br />

de « respect » à titre d’idées régulatrices. Ainsi je veux que <strong>les</strong><br />

études juridiques comparatives passent du paradigme de<br />

l’autorité au paradigme de l’altérité. Pour rendre compte de<br />

manière fidèle d’un droit situé, il faut le situer. Si on ne le<br />

situe pas, alors qu’ « il y a » sa situation, la re-présentation<br />

<strong>Legrand</strong>1.prn<br />

V:\55125\55125.vp<br />

mercredi 8 avril 2009 16:24:21<br />

241

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