Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand
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Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique<br />
Composite Trame par dØfaut<br />
64 Raluca Bercea<br />
une même règle de droit en établiront finalement le sens selon<br />
une logique en vertu de laquelle le monde n’est que la somme<br />
de ses explications plausib<strong>les</strong>.<br />
Cette thèse, valable pour tout discours se référant au<br />
« réel juridique », semble particulièrement pertinente dans le<br />
cas des textes proposant une comparaison des <strong>droits</strong>. En<br />
effet, la mise en relation des normes appartenant à des <strong>droits</strong><br />
différents (ce qui est le propre de la comparaison juridique)<br />
crée à chaque fois des contextes nouveaux d’interprétation.<br />
En se rencontrant dans l’espace du texte de la comparaison,<br />
<strong>les</strong> règ<strong>les</strong> de droit comparées offrent, de par leur rencontre<br />
même, des versions nouvel<strong>les</strong> de chacun des mondes juridiques<br />
dont el<strong>les</strong> sont issues. Autrement dit, plus l’on multipliera<br />
<strong>les</strong> hypostases comparatives de la même règle, plus on<br />
rattachera de mondes explicatifs à la règle en question. Et<br />
plus <strong>les</strong> hypostases comparatives dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> l’on place la<br />
règle se feront pertinentes par rapport à celle-ci, mieux son<br />
sens sera éclairci. Plutôt que d’offrir une représentation univoque<br />
de la règle (comprise comme son référent), la comparaison<br />
est censée la re-présenter (par mimèsis, entendue<br />
comme imitation et transformation simultanées 95 ), c’est-àdire<br />
l’impliquer dans une constellation de mondes alternatifs<br />
susceptib<strong>les</strong> de déployer son sens.<br />
Comme c’est le cas pour toute œuvre de fiction, la réception<br />
du discours de la comparaison des <strong>droits</strong> par le lecteur<br />
est tributaire du rapport ontologique entre le monde du texte<br />
et le monde du « réel juridique ». Ce n’est ainsi que parce<br />
qu’il connaît le monde du « réel juridique » (à l’intérieur<br />
duquel il vit) que le lecteur est à même de s’investir dans la<br />
compréhension et l’interprétation du texte de la comparaison.<br />
Autrement dit, le lecteur connaît le monde du « réel juridique<br />
» (de manière « directe » pour ce qui concerne son<br />
propre droit et par l’entremise d’une médiation pour ce qui<br />
est d’un autre droit) et peut donc comprendre et valoriser<br />
la version de ces mondes qui constitue le texte de la<br />
comparaison.<br />
La prise en compte de ce rapport ontologique particulier,<br />
soit de l’écart que toute analyse comparative instaure par<br />
95. Voir Montalbetti, op. cit., note 12, p. 37.<br />
<strong>Legrand</strong>1.prn<br />
V:\55125\55125.vp<br />
mercredi 8 avril 2009 16:24:09<br />
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