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Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand

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Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique<br />

Composite Trame par dØfaut<br />

124 Marie-Laure Mathieu-Izorche<br />

qu’ « observation » puisqu’elle constitue, en outre, une construction<br />

intellectuelle, une manière de rendre compte des<br />

objets « observés ». Et il y a autant de manières de comparer<br />

que d’objectifs à atteindre. On ne saurait donc parler de<br />

« la » comparaison, c’est-à-dire prétendre détenir une quelconque<br />

vérité, si on ne précise pas son objet. Et le mot<br />

« objet » désigne tout à la fois <strong>les</strong> éléments du « réel » qui<br />

sont mis en comparaison et l’objectif de la comparaison de ces<br />

éléments. Il ne suffit donc pas de définir la comparaison<br />

comme une opération intellectuelle et le comparatisme<br />

comme un mode d’appréhension du « réel », puisqu’on n’est<br />

guère avancé si l’on ne sait pas à quoi servent ces comparaisons<br />

et à quel<strong>les</strong> fins sont menées des études comparatives.<br />

On pourrait dire, et c’est ce qui est souvent affirmé, que ces<br />

recherches sont destinées à produire un savoir. <strong>Comparer</strong>,<br />

dit-on, sert à « mieux comprendre le réel » 1 . L’étude comparative<br />

serait ainsi, puisqu’elle constitue une des manières<br />

dont le savoir se construit, en mesure de faire l’objet d’une<br />

approche épistémologique.<br />

Encore faut-il nous entendre sur le sens de ces mots.<br />

Ainsi Gérard Fourez distingue de grands courants en la<br />

matière. Selon une conception classique, l’épistémologie<br />

serait le savoir sur la manière dont <strong>les</strong> savoirs se constituent<br />

et elle s’interrogerait alors sur la valeur des méthodes, la pertinence<br />

des preuves avancées, la place du sujet et de l’objet<br />

dans l’observation, le rôle des théories et ainsi de suite 2 . Telle<br />

est la vision retenue par Christian Atias, pour qui « [l’]épistémologue<br />

pose des questions qui jalonnent en quelque sorte<br />

le chemin parcouru dans la construction et le développement<br />

d’un savoir » 3 . Selon Fourez, une telle vision de l’épistémologie<br />

s’inscrit dans une perspective normative tendant à<br />

dire comment on devrait raisonner et s’enrichissant au passage<br />

de l’apport des sciences cognitives. Au caractère prescriptif<br />

de cette vision de l’épistémologie s’oppose le caractère<br />

(prétendument ?) descriptif des épistémologies empiriques,<br />

1. Cécile Vigour, La comparaison dans <strong>les</strong> sciences socia<strong>les</strong>, Paris, La Découverte,<br />

2005, p. 97.<br />

2. Voir Gérard Fourez, La construction des sciences, 4 e éd., Bruxel<strong>les</strong>, De Boeck,<br />

2002, p. 21.<br />

3. Christian Atias, Épistémologie juridique, Paris, Dalloz, 2002, p. 2.<br />

<strong>Legrand</strong>1.prn<br />

V:\55125\55125.vp<br />

mercredi 8 avril 2009 16:24:13<br />

124

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