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**. ESSAIE fc>Ê MICMEL t)E MONTAIGNE,"
M A FILLE ,RN'EFT indiffèrent, cohime lors QU'il YÂ de bon. En tout &
par tout, il V a affez de mes YEIIX à me tenir EN office : il n'y EN a
. „ point qui me veillent de fi prés, ny qiië ie refpecte PLUS. LE viens de
Pieds façonnez au r "i } /.J, ; t
femcedes mams.
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v o l r c n e z m o
Y vn petit homme natif de Nantes, ne lans bras , quia
fi bien façonné fes pieds, au feruicé que luy deuôient les mains,
qu'ilsen ont à la vérité à demy oublié leur office naturel; Au demeurant
il les nomme fes mains, il trenche, il charge vn piftolet & le iafche,
il enfile fon éguille, il coud, il efcrit, il tire le bonnet, il fe pei­
GNE , il ioue aux cartes & aux dez,& les remue" auec autant de dexteri-
TÉ que fçauroit faire quelqu'autre : l'argent que luy ay donné, il l'a
emporté en fon pied, comme nous faifons en noftre main. l'en vy
vnautre eftant enfant, qui manioitvneefpée à deux mains, & vne
hallebarde, duply du col à faute de mains* les iettoiten l'air&le&
reprenoit, lançoit vne dague, &: faifoi t craqueter vn fouet auffî bien
que charretier de France. Mais on defcouure bien mieux feseffeâis
• aux effranges imprellions, quelle fait en nos AMESJ où elle ne trouue
Homes fans mams \" m ^ il • ' «
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manient armes dn P
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ref IFTANCE. Que ne peut-elle en nos îugemem & en nos
fiyducol. créances? Y a-il opinion fi bizarre, ie laifTe à part lagrofiiere iriïpofture
des religions, dequoy tant de grandes nations, 6t tant de fuffifians
perfonnages fe font VEUS ENYUREZ ( car cette partie eftant
hors de nosraifons humaines, il eft plus excufable de s'y perdre, À
qui N'y EFT extraoïdinairementefclairé par faueur diurne ) mais d'autres
opinions y ENÂ-il défi effranges, QUELLEN'aye planté & eftably
pour loixés régions que bon luy a femblé ? Et eft tres-iufte cettç
vnPhyfcien,c'efU ancienne exclamation : Tfjn pudet pbyficum, ideftJJ>emlatorem njena-
FPECJÂ^ur'd^rN* torémque naturœ > ab ariimïs confuctudine imbutls quœrerc teftimonium *ve-
MRE, n'a il point de ritat'ts? I'eftime qu'il ne tombe EN l'imagination humaine aucune
honte, de chercha des r -r r C ' • i 1 1 1 r
tcfnwins de cette vert- tantaiiie li forcenée qui ne rencontre l'exemple de quelque vfage
NIY des efprits e
imbu» public, &: par confisquent que noftre raifon n'eftaye 6c ne fonde.
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* où on tourne le dos à celuy qu'on faltie , & ne
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honorer. Il en eft où QUAND.
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Roys,recueilly. * e
R°y crache, la plus fauorie des Dames de fa Cour tend la main:,
ôt EN vne autre nation, les plus apparens qui FONT autour de luy,fo
Cachât
baiffent à TERRE, pour amaffer en du linge fon ordure. Defrobons
icy la place d'VN conte. Vn gentil-homme François fameux en RENcontres,
fe mouehoit toufiours de fa main, CHOFE tres-ennemiede
pôurqwy noftre vfage:defendant là deffus fon fait,il me demandajQuel priui-
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Âf "^^cremét,quenouSallamôsluyappreftantvnbeau linge & ferré fa
l m e d e l l c a E a l e
S receuoir,& puis, quiplus eft, L'empaqueter 6c ferrer
nous. foigneufement fur nous ? Que cela deuoit faire plus de mal au cœur,
îpedelevoir verfer où que ce fuft, comme nous faifons toutes nos
autres ordures. le trouuay, qu'il neparloit pas du tout fans raifon:
& m'auoit la couftume,ofté L'apperceuance de cette eftrangeté,.
laquelle pourtant nous trouuons fi hideufe y quand elle eft reci- "
TET d'vn autre pais. Les miracles font, félon l'ignorance EN quoy