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LIVRE PREMIER: , 3J
le parfait &accomply vfage de toutes chofes. Ils font fauuages, de
mefme que nous appelions fauuages les fruids, que nature de foy & samtresV
de fon progrez ordinaire a produits : tandis qu'à la vérité ce font ceux *
que nous auons altérez par noftre artifice, & deftournez de l'ordre Similitude*
commun, que nous deurions appeller pluftoft fauuages. En ceux-là
font viues & vigoureufes, les Vray es, & plus vtiles & naturelles vertus
& proprietez: lefquelles nous auons abaftardies enccux-cy,les accommodant
au plaifirde noftre gouft corrompu. Et fi pourtant la
faueur mefme & delicateffe fe trouuc à noftre gouft mefme excellente
à Tenuy des noftres,cn diuers fruids de ces contrées-là,fans culture
: ce n'eft pas raifon que l'art gaigne le poind d'honneur fur no- Nature par dejfa
ftre grande & puiiîante mere Nature. Nous auons tant rechargé la l' art
beauté &richefTede fes ouurages par nos inuentions, que nous l'auonsdu
tout eftouffée. Si eft-ecquepar tout où fa pureté reluit, elle
fait vne merueilleufe honte a nos vaines & friuoles entreprinfes.
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Et vemunt heder* fiante Jua mclius, ^ t ' ^ Z ^
S unit df in folis formofwr arbutus antris %
l'arborer t'efkue plus
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gaillard aux antres fau-
Et 'volucres nulla dulcius arte canunt. uage»,& l'oifeauchan*
ré f i s, r , te plus doux en ion ra-
Tous nos ettorts ne peuuent ieulement arnuerarepreienter le nid magefimpie.
du moindre oyfelet, fa contexture, fa beauté, & l'vtihté de fon vfage:
non paslatifiurede lachetiue araignée. Toutes chofes, dit Platon,
font produites ou parlanature, ou par la fortune, ou par l'art. Les Production de tou*
plus grandes & plus belles par l'vne ou l'autre des deux premières : les tes chofatriple.
moindres & imparfaites par la dernière. Ces Nations mcfemblcnt
donc ainfi Barbares,pour auoir receu fort peu de façon de l'efprit humain,
& eftre encore fort voifines de leur naïfueté originelle. Les
loix naturelles leur commandent encorcs,fort peu abaftardies par les
noftres: Mais c'eft en telle pureté, qu'il me prend quelquefois defplaifir,dequoy
la cognoiffance n'en foit venue plûtoft,du temps qu'il
y auoit des hommes qui en euflent feeu mieux iuger que nous. lime
defplaift que Ly curgus & Platon ne l'ayent eue : car il me femble que
ce que nous voyons par expérience encesNations-là, furpaffe non
feulement toutes les peintures dequoy laPoefieaembelly l'âge doré, ^ a