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r - Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

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LIVRE TROISIESME. 8 ï r<br />

qui me donne ce contentement de l'affouuir: à peine m'en deftourneroit<br />

la Médecine. Autant en fay-ie fain: le ne voy guère plus qu'efperer<br />

tk vouloir.C'eft pitié d'eftre alanguy &affoibly,iufques au fouhaiter.<br />

L'art de Médecine n'eft pas fi refolu,que nous foy ons fans au- Médecine fort liathorité,<br />

quoy que nousfacions. Il change félon les climats, & félon riablegrirrefolue.<br />

les Lunes, félon Fernel tk félon l'Efcale. Si voftre médecin ne trouue<br />

bon, que vous dormiez, que vous vf iez devin, ou de telle viande : Ne<br />

vous chaille : ie vous en trouueray vn autre qui ne fera pas de fon aduis.<br />

La diuerfité des argumens tk opinions medicinales,embraffe toute<br />

forte de formes. Ievisvn miferable malade,creuer tk fe pafmer<br />

d'altération, pour fe guarir: tk eftre moqué depuis parvnautre médecin<br />

: condamnant ce confeil comme nuifible. Auoit-il pas bien<br />

employé fa peine? Ileft mort frefchement delà pierre, vnhommede<br />

ce meftier,qui s'eftoit feruy d'extrême abftinence à combattre fon<br />

mal : fes compagnons difent,qu'au reucrs, ce ieufne l'auoit affeché, tk<br />

luy auoit cuit le fable dans les roignons. I'ay apperceu qu'aux bief- Parler mi fille aux<br />

feures, tk aux maladies, le parler m'efmeut & me nuit, autant que def- hleffeures&malaordre<br />

que ie face. La voix me coufte,& me laffe, car ie 1 ay haute tk ef- <<br />

* ,M<br />

*<br />

forcée: Si que, quand ie fuis venu à entretenir l'oreille des Grands,<br />

d'affaires de poids, ie les ay mis fouuent en foin de modérer ma voix.<br />

Ce conte mérite de me diuertir. Quclqu'vn, en certaine efcole Grecque<br />

, parloit haut comme moy : le maiftre des ceremoniesluy manda<br />

qu'il parlait plus bas : Qu'il m'enuoy e, dit-il, le ton auquel il veut que laparoïedoit pren-<br />

ie parle. L'autre luy répliqua, qu'il print fon ton des oreilles de celuy d<br />

r e<br />

n t o n d e<br />

f°<br />

à qui il parloit. C'eftoit bien dit,pourueu qu'il s'entende: Parlez félon ^iteur.<br />

ce que vous auez affaire à voftre auditeur. Car fi c'eft à dire, fufrifevous<br />

qu'il vous oye : ou, reglez-vous par luy : ie ne trouue pas que ce<br />

fuft raifon. Le ton & mouuement de la voix, a quelque exprcfïion, tk<br />

lignification de mon fens: c'eft à moy à la conduire, pour me reprefenter.<br />

Il y a voix pour inftruire, voix pour flater, ou pour tancer. le<br />

veux que ma voix non feulement arriue à luy, mais à l'auanture qu'elle<br />

le frappe, & qu'elle le perce. Quand ie maftine mon laquay, d'vn Voixde diuerstons<br />

ton aigre tk poignant : il feroit bon qu'il vint à me dire: Mon maifti e, ^fages.<br />

parlez plus doux, ie vous oy bien. EftquœcUmnjox adauditumaccommo- n y a des v o ï x a c c o m -<br />

* i- r l t 1 / Î . ' '<br />

/ N<br />

1 • " i o d é e s à l o ù y e , n o n<br />

data, non magnitudine 3Jed propnetate. La parole eit moine a celuy qui par leur h a u t e u r , m a i s<br />

r t o n<br />

parle, moitié àceluy quil'efeoute. Cettuy-cyfe doit préparer à lare- ^ i^ - °"' w<br />

'<br />

ceuoir, félon le branle qu'elle prend. Comme entre ceux qui ioûent ~<br />

àlapaulme, celuy quifouftient,fedefmarche &s'apprefte,felon qu'il Similicudc.<br />

void remuer celuy qui luy iette le coup, tk félon la forme du coup.<br />

L'expérience m'a encores appris cecy ,que nous nous perdons d'impatience:<br />

<strong>Les</strong> maux ont leur vie & leurs bornes, leurs maladies &leur<br />

fanté: La eonftitution des maladies, eft formée au patron delà conftitutiondes<br />

animaux. Elles ont leur fortune limitée dés leurnaiffance,&<br />

leurs iours. Qui effaye de les abréger imperieufement par<br />

force,au trauers de leur courfe, il les allonge tk multiplie : tk les har-<br />

Yyy iiij

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