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r - Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

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LIVRE TROISIESME. 78 ;<br />

fagcmcnt , ôc félon luv , de ne corrompre point vne teneur de vie incorruptible,<br />

ôc vne fi faincte image de l'humaine forme, pour allonger<br />

d'vn an fa décrépitude: tk trahir l'immortelle mémoire de<br />

cette fin glorieufe. Il deuoit fa vie, non pas à foy, mais à l'exemple<br />

du Monde. Seroit-ce pas dommage public , qu'il l'euft acheuée<br />

d'vne oyfiue &obfcurefaçon ? Certes vne fi nonchalante tk molle<br />

confideration de fa mort, meritoit que la poftenté laconfidetaft<br />

d'autant plus pour luy : Ce qu'elle fit. Et il n'y a rien enla iuftice fi iufte<br />

, que ce que la fortune ordonna pour fa recommandation. Car les Recommandation<br />

Athéniens eurent en telle abomination,ceux qui en auoient efte eau- j e Socrates après fa<br />

fe, qu'on les fuyoit comme perfonnes excommuniées : On tenoit mort.<br />

polhi tout ce à quoy ils auoient touché : perfonne à l'eftuue ne lauoit<br />

auec eux, petfonneneles falùoitny accointoit: de forte qu'enfin ne<br />

pouuant plus porter cette haine publique, ils fcpendirent eux-mefmes.<br />

Si quelqu'vn eftime,que parmy tant d'autres exéples que l'auois<br />

à choifir pour le feruice de mon propos, és dits de Socrates, l'aye<br />

mal trié cetuy-cy : tk qu'il iuge ce difeours eftre eilcué au deilus<br />

des opinions communes : le I'ay fait à efcient : car ie iuge autrement<br />

: Et tiens que c'eft vn difeours en rang, tk en naïueté bien plus<br />

arrière, &plus bas, que les opinions communes. Il reprefente en<br />

vnehardieffeinartificielle ôc fecurité enfantine, la pure& première<br />

imprefllôn& ignorance de Nature. Car il eft croyable que nous<br />

auons naturellement crainte de la douleur; mais non de la mort, à<br />

caufe d'elle. C'eft vne partie de noftre eftre, non moins elfentielle zamori n'eft %<br />

que le viure. A quoy faire, nous en auroit Nature engendré la haine cramanfli nature*<br />

& l'horreur, Veu qu'elle luy tient rangde tres-grande vtihté, pour<br />

nourrir la fucceifion ôc vieilli tude defe^ ouurages? ôc qu'en cette Republique<br />

vniuerfelle, elle fert plus de naiffance ôc d'augmentation ><br />

que de perte ou ruy ne?<br />

fie rerum fumma nouaturi<br />

Ainfi<br />

, cc<br />

^ e afre dc<br />

r<br />

J I toutes choies le renou-<br />

—••—mille animas vna necata dédit. ueiicjvnevieefteim-een<br />

. - ... n . v -il xT lulcitc mille.iwr. z.<br />

La défaillance d vne vie,elt le paliage a mule autres vies.Nature a empreint<br />

aux beftes, le foing d'elles & de leur conferuatidn. Ellesvont s-ftes naturellemet<br />

iufques-là, de craindre leur empirement : de fe heurter ôc blelfer : que Joigncufes de leur<br />

nous les encheueftrions abattions, ateidens fubje£ts à leur fens tk conjeruamn.<br />

expérience : Mais que nous les tuions, elles ne le peuuent craindre,<br />

ny n'ont la faculté d'imaginer & conduire la mort. Si dLt-on encore<br />

qu'on les void non feulement la fouffnr gayement:laplulpartdes<br />

cheuaux hanniffent en mourant, les cy gnes la chantent : mais de plus,<br />

la rechercher à leur befoin : comme portent plufieurs exemples des<br />

elephans. Outre ce, la façon d'argumenter, de laquelle ie fert<br />

icy Socrates, eft-ellc pas admirable efgalement en fimplicité ôc en<br />

véhémence ? Vrayement il eft bien plus aifé de parler comme<br />

Ariftote, ôc viure comme Cefar, qu'il n'eft aifé de parler ôc viure<br />

comme Socrates. Là loge l'extrême degré de perfection & de diffi-<br />

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