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icc muette ESSAIS me femble DE la mieux MICHEL feante, fi DE elle eft MONTAIGNE, accompaignée d'vn fer- $ ,
mevifage & graue: Et comme ces miferables prifonniers quitom- f
bent es mains des vilains bourreaux foldatsde ce temps, defquels ils jfl
font tourmentez de toute efpece de cruel traitement, pour les con- jf
traindre à quelque rançon excefïiue &impofïible : tenus cependant
en condition &r en lieu, où ils n'ont moyen quelconque d'exprcffion jjt
Dieux favorables & fignification de leurs penfées & de leur mifere. Les Poètes ont #
aux ix morts languif- feint quelques Dieux fauorables à la deliurance de ceux qui traif- jt
f ans
' noient ainfi vne mort languiffante: ^
Par ordre de Iunon, hune egO Dlt'l
f-X^ûcï&TS Sacrum iujfafiro, téque ifto corpore foluo. fJ
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lis difent que ks chars Falciferos memorant currus abfcindere membra.
armez de iaui, tran- J _ J
chent les membres en Vt tremere in terra videatur ab artubus, id quod tn
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& p ^ courtes & defcoufuës, qu'on leur arrache j
^ quelquefois à force de crier autour de leurs oreilles, & de les tempe- t
fter, ou des mouuemens qui femblent auoir quelque confentement à {
ce qu'on leur demande -, ce n'eft pas tefmoignage qu'ils viuent pour- i
tant, au moins vne vie entière. Il nous aduient ainfi fur le beguayement
du fommeil,auant qu s
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ïl nous ait du tout faifis; de fentir comme
en fonge, ce qui fe fait autour de nous, & fuiure les voix, d'vne oiîye
trouble & incerraine, qui femble ne donner qu'aux bords de l'ame:
& faifons des refponfes àla fuite des dernières paroles qu'on nous a {
dites, qui ont plus de fortune que de fens. Oràprefent queicl'ay ef- '
fay é par effet, ie ne fay nul doute que ie n'en ay e bien iugé iufques à 6
cette heure. Car premièrement eftant tout efuanoiïy, ie me trauail- *
lois d'entr'ouurir mon pourpoincl: à beaux ongles, car i'eftoy defar- 111
me, & fi fçay que ie ne fentois en l'imagination rien qui me bleffaft: B
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Car il y a plufieurs mouuemens en nous, qui ne partent pas de noftre w
ordonnance. . (ot
tes doigts à demy Semianimefquc micant digiti } ferrumque rétractant. ^
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"" ^ 4 tombent, eflancent ainfi les bras au deuant de leur cheute, ^
par vne naturelle impulfion,qui fait que nos membres fe preftent des *
offices, & ont des agitations à part de noftre difeours :
courant:de forte qu on T\ • ]• IR-RT N
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^ "«renchées & Mcbilitate mali non quit fentire dolorem.
\oid icfpandu.s, après trefl'aiuir bieff-que à p Vecidit abjciljum, cum mens tamen atque bomtnis vis toi
a U 0y mon eftomach preffé de ce fang caillé. mes mains y couroient k
1 ame n ayepuientirla / Tir r \i /
.douleur par ie vifte d elles-mefmes, comme elles font fouuent, ou il nous démange, U
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eontre l'aduis de noftre volonté. Il y a plufieurs animaux, & des dit
remuant hommes mefmes, après qu'ils font trefpaffez,aufquels onvoidref- 4f
Mufcles ferrer & remuer des mufclcs. Chacun fçait par expér
aux trejpaffxjpres parties qui fe branlent, drefîent &c couchent fouuent fans fon congé. It|
[a mort. Or ces paffions qui ne nous touchent que par l'efcorfe,ne fe peu- \
uent dire noftres : Pour les faire noftres, il faut que l'homme y foit i {
engagé tout entier: & les douleurs que le pied ou la main fentent pen- \ t
dant que nous dormons, ne font pas à nous. Commei'approchay de nj