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LIVRE PREMIER.
T)imrs euenemens de mejme Conjèil.
C H A P I T R E X X I I I .
A QV E s Amiot, grand Aumofnier de France, me récita
vn iour cette hiftoire à l'honneur d'vn Prince des no-
'ftres,de noftre eftoit-il à tres-bonnesenfeignes,encore
que fon origine fuft eftrangere -, que durant nos premiers
troubles au fiege de Rouen, ce Prince ayant efté aduerty par la Royne
mere du Roy d'vne entrcprife qu'on faifoit fur favie,&inftruit
particulièrement par fes lettres, de celuy qui la deuoit conduire à
chef, qui eftoit vn Gentil-homme Angeuin ou Manccau, fréquentant
lors ordinairement pour CET effet la maifon de ce Prince: il ne
communiqua à perfonne CET aduertiffement : mais fe promenant le
lendemain au mont fain&e Catherine, d'où fe faifoit noftre batterie
à Rouen, ayant à fes coftez ledit feigneur grand Aumofnier &
vn autre Euefque, il apperceut ce Gentil-homme, qui luy auoit efté
remarqué, de le fit appeller. Comme il fut en fa prefence, il luy di.t
ainfi,le voyant défia paflir &: frémir des alarmes de fa confcience:
Monfieur de tel lieu, vous vous doutez bien de ce que ie vous veux,
&: voftre vifage le monftre : vous n'auez rien à me cacher : car ie fuis
inftruit de voftre affaire fi auant, que vous ne feriez qu'empirer voftre
marché,d'effayer aiecouurir. Vous fçauez bien telle chofe de
telle, qui eftoient les tenans & aboutiffans des plus fecretes pièces de
cette menée: ne faillez furvoftrevieàmeconfcfferlaverirédetout
ce deffein. Quand ce pauure homme fetrouua pris de conuaincu,
(car le tout auoit efté defcouuert à laRoync par l'vn des complices)
il n'eut qu'à ioindre les mains , de requérir la grâce de mifericorde
de ce Prince-, aux pieds duquel il fe voulut ietter, mais il l'en gar- clmtnce grande
da, fuiuant ainfi fon propos : Venez çà, vous ay-ie autrefois fait d'^n Prince emers
defplaifir ? ay-ie offencé quelqu vn des voftres par haine particu- Ce
ty