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LIVRE TROISIESME. € o 9
guéries, fi vaines tk inutiles à leur befoin : i'entre en crainte, que les
hom mes qui le leur confcillent, le f acen t pour auoir loy de les régenter
fous ce tiltre. Car quelle autre excufeleur trouuerois-ie ? Bafte,
qu'elles peuuent fans nous, ranger la grâce de leurs y eux, à la gay été,
à la feuerité,& à la douceur : affaifonner vn nenny, de rudcffe,de doute,
tk de faueur : & qu'elles ne cherchent point d'interprète aux difeours
qu'on fait pour leur feruice. Auec cette fcience, elles commandent
à baguette,&:rcgentent les regens tk l'efcole. Si toutefois il leur
fafche de nous céder en quoy que ce foit, & veulent par curiofité
auoir part aux Liures: laPoëfie eft vn amufement propre à leur be- Poëfepemifeaux
foin : c'eft vn art follaftre, & fubtil, defguifé, parlier, tout en plaifir,
tout en montre, comme elles. Elles tireront auffi diuerfes commo-
e m n t e s
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ditcz de l'Hiftoire. En la Philofophie, de la part qui fert à la vie, elles PhilofopUe, propre
prendront les difeours qui les dreffent à iuger de nos humeurs & con- des femmes,
dirions, à fe défendre de nos trahifons:à régler la témérité de leurs
propres defirs : à mefnager leur liberté : allonger les plaifirs de la vie,
& à porter humainement l'inconftance d'vn feruiteur, la rudeffe d'vn
mary, & l'importunité des ans tk des rides, & chofes femblables.
Voila pour le plus, la part que ie leur affignerois aux Sciences. Il y a
des naturels particuliers, retirez tk internes : Ma forme eifentielle,eft
propre à la communication,^ à la production : ie fuis tout au dehors
quelle
tk en euidence, nay à la focieté &à l'amitié : Lafolitude que i'ayme,
& que ie prcfche,cc n'eft principalement, que ramener à moy mes
affections tk mes penfées : reftraindre tk refferrer, non mes pas, ains
mes defirs tk mon foucy, rcfîgnant la folicitude eftrangere, & fuyant
mortellement la feruitude,& l'obligation: tk non tant la foule des
Solitude3quecefl hommes, que la foule des affaires. La folitude locale, à dire vérité, solitude locale.
m'eftend pluftoft,&m'eflargitaudehors:iemeiettc aux affaires d'Eftat,&
à l'Vniucrs, plus volontiers quand ie fuis feul. AuLouure&
en la preffe, ie me refferre tk contrains en ma peau. La foule me repouffe
à moy. Et ne m'entretiens iamais fi folement, fi licentieufement&
particulièrement, qu'aux lieux de refpcct&: de prudence ccremonieufe
: Nos folies ne me font pas rire,ce font nos fapiences. De
ma complexion,ie ne fuis pas ennemy de l'agitation des Cours : i'y
ay paffé partie de la vie : tk fuis fait à me porter allaigrement aux grandes
côpagnies : pourueu que ce foit par intcrualles, tk à monpoinct.
Mais cette molieffe de iugement, dequoy ie parle, m'attache par for­
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ce à la folitude. Voire chez moy, au milieu d'vne famille peuplée, tk Coumifies ccremaifondes
plus fréquentées,i'y voy des gens affez,mais rarement monieufes, familles
ceux auec qui i'ayme à communiquer. Et icreferue-là,& pour moy, P e
tk pour les autres,vne liberté inufitée : Il s'y fait trefue de cérémonie,
d'affiftance,&conuoyemens,&: telles autres ordonnances pénibles
de noftre courtoifie ( ô la feruile tk importune vfance :) chacun s'y
gouuerne à fa mode, y entretient qui veut fes penfées: ie m'y tiens
muet, refueur, 6V enfermé, fans offenfe de mes hoftes. Les hommes,
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