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z 78 ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
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en a vingt: il eft luy-mefme au train de paroiftrc&: aux voyages des
guerres, & en la Cour de fon Prince : il a befoin de fes pièces ; Se en I
doit cer tainement faire part, mais telle part,qu'il ne s oublie pas pour \f
autruy. Et à celuy-là peut feruir iuftement cette refponfe,que les pe- |p
res ont ordinairement en la bouche: le ne me veux pas defpouïller $
Pèresiavieuxjoi- deuant que de m'aller coucher. Maisvn pere atterré d'années&de jitj
uent biffer l'vfage maux, priué par fa f oibleffe Se faute de fanté, de la commune focieté f
de leurs moyens à J e s hommes; il fe fait tort, & aux fiens, de couuer inutilement vn jt
leurs enfans. grand tas de richeffes. 11 eft affez en eftat, s'il eft fage, pour auoir de- 5J
fir de fe defpouïller afin de fe coucher, non pas iufques à la chemife, $
mais iufques à vne robe de nuict hicn chaude : le refte des pompes, {|
dequoy il n'a plus que faire, il doit en eftrener volontiers ceux, à qui y|
par ordonnance naturelle cela doit appartenir. C'eft raifon qu'il leur |
en laiffe l'vfage, puis que Nature l'en priue : autrement fans doute il y
a de la malice &de l'enuie. La plus belle des actions de l'Empereur .
Charles V. fut celle-là,à l'imitation d'aucuns anciens de fonquali- ^
bre; d'auoir fceu recognoiftre que la raifon nous commande aifez
de nous defpouïller, quand nos robes nous chargent Se empefchent, 1
& de nous coucher quand les iambes nous faillent. Il refîgna fes
moyens, Grandeur Se puiffance à fon fils, lors qu'il fentit défaillir en j
foy la fermeté Se la force pour conduire les affaires, auec la gloire qu'il
y auoit acquife. '
Donne congé d'heure Solue fenefeentem mature fanus equum 3 ne \
au vieil cheual, fi tues _ j \ • j i J • /• i
fage : de peur que tref- Pcccet ad extremum ridendus j (gf ilia ducat.
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^TCL!llL Cette faute,de ne fefçauoir recognoiftre de bonne heure, Se ne fen- *
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affKTÎ*. l'impuiffance & extrême altération que l'âge apporte naturelle- 8
ment Se au corps Se à l'ame, qui à mon opinion eft efgale, fi l'ame ", ITS! !
n'en a plus de la moitié} a perdu la réputation de la pluf-part des
grands hommes du Monde. I'ay veu de mon temps Se cognu fami- F
fièrement des perfonnages de grande authorité, qu'il eftoit bien aifé "
à voir, eftre merueilleuiement defeheus de cette anciennefuffifanec, *'
que ie cognoiffois par la réputation qu'ils en auoient acquife en ^
leurs meilleurs ans. le les euffe pour leur honneur, volontiers fou- ^
haité retirez en leur maifon à leur aife,& defehargez des occupations
publiques Se guerrières, qui n'eftoient pluspour leurs efpaules.
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I'ay autrefois efté priué en la maifon d'vn Gentil-homme veuf & 11
fortvieil,d'vnevieilleifetoutefoisaffezverte. Cettuy-cyauoit plu- ^
fleurs filles à marier, Se vn fils défia en âge de paroiftre : cela char- »i
geoit famaiionde plufieurs defpenfes Se vifites eftrangeres,àquoy t
û prenoit peu de plaifir, non feulement pour le foin de l'efpargne, "t
mais encore plus, pour auoir, à cauf'c de l'âge, pris vne forme de vie t
fort efloignée delà noftre. le luy dyvn iour vn peu hardiment, com- i
Retraite des pères
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y accouftumé ; qu'il luy fieroit mieux de nous faire place, Se de k
attend d'annets, à fon fils fa maifon principale,(car il n'auoit que celle-là de bien \
txauec leurs enfans. logée Se accommodée) Se fe retirer en vne fienne terre voifine,où k