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LIVRE SECOND. 4 1 3
cinq cens fois de place, qu'elle ne face que vuider &: remplir fans
celfe, comme dans vn vaiifeau, dans noftre croyance, autres 8c autres
opinions -, toufiours la prefente & la dernière, c'eft la certaine & l'infaillible.
Pour cette-cy, il faut abandonner les biens, l'honneur, la
vie,ôclefalut,&tout,
C pofterior res iiïa reporta ,
Perdit, & immutat (en,us adpriltina quœquc. < î "
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e , l c a o a i s 6 m c s
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t r t u e n u s , n o u s d e f a o u f t e
Quoy qu'on nous prclche,quoy que nous apprenions,il faudroit «fes p r e m i è r e s , & i«
toufiours fe fouuenir, que c'eft l'homme qui donne, 8c l'hom me qui decrcduc
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reçoit: c'eft vne mortelle main qui nous le prefente: c'eft vne mortelle
main qui l'accepte. Les chofes qui nous viennent du Ciel, ont •
feules droiâ & authorité de perfuafion, feules la marque de vérité:
laquelle auffi ne voyons-nous pas de nos yeux, ny ne la receuons par
nos moyens: cette faincte& grande image ne pourroit pas en vn fi
chetif domicile-, fi Dieu pour cet vfage ne le prépare ,fi Dieunelc
reforme 8c fortifie par fa grâce 8c faueur particulière 8c fupernaturelle.
Aumoins deuroit noftre condition fautiue, nous faire porter plus
modérément 8c retenuement en nos changement. Il nous deuroit
fouuenir, quoy que nous receuftions en l'entendement ; que nous
receuons fouuent des chofes fauffes,&que c'eft par ces mefmes outils
qui fe defmentent 8c qui fe trompent fouuent. Or n'eft-il pas merueille,
s'ils fe defmentent, eftans fi aifez à incliner 8c à tordre par bien
légères occurrences. Il eft certain que noftre apprehenfion, noftre '
iugement, 8c les facultcz de noftre ame en gênerai; fouffrent félon les raculte^de Xame y
mouuemens 8c altérations du corps, lefquelles altérations font con- [ouvrent félon les
tinueiles. N'auons-nous pas l'efprit plus efueillé, la mémoire plus altérations du corps.
prompte, le difeours plus vif, en fanté qu'en maladie? La ioye &la
gayeté ne nous font-elles pas receuoir les fujetsqui fe prefententà
noftre ame,d'vn tout autre vifage,que le chagrin & la mélancolie?
Teniez-vous que les vers de Catulle ou de Sappho, rient à vn vieillard
auaricieux 8c rechigné, comme à vn ieune homme vigoureux 8c ardent
? Cleomenes fils d'Anaxandridas, eftant malade ; fes amis luy reprochoient
qu'il auoit des humeurs 8c fantafies nouuelles, & non accouftumées
: le croy bien, repliqua-il, auffi ne fuis-ie pas celuy que ie
fuis eftant fain: eftant autre, aufti font autres mes opinions 8c fantafies.
En la chicane de nos Palais,cc mot eft en vfage,qui fe dit des criminels
qui rencontrent les luges en quelque bonne trampe, douce
8c débonnaire; ç-audeat de bona fortuna. Car il eft certain que les iugx- Q"ji * e f i o m i r e de la
o r • \ i v i 1 • j b o n n e f o r t u n e .
mens f e rencontrent par fois plus tendus a la condamnation, plus
efpineux 8c afpres : tantoft plus faciles,aifez,& enclins à l'excufe. Tel
qui rapporte de fa maifon la douleur de la goutte, la ialoufie,ou le larrecin
de fon valet, ayant toute l'ame teinte&abreuuéede colère; il
ne faut pas douter que fon iugement ne s'en altère vers cette part-là.
Ce vénérable Sénat d'Areopagc,iugeoit de nui£t, de peur que la veue
des pourfuiuans corrompift la iuftice. L'air mefme, 8c la ferenité
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