04.07.2013 Views

r - Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

r - Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

r - Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

32.8 ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,<br />

liberté de mouuemens de membres,fans les attacher ne plier. Noftrs $<br />

Le pleurer commun pleurer eft commun à la pluf-part des autres animaux, tk n'en eft f ft<br />

à la pluf-part des guerequ'on ne voye fe plaindre& gémir long-temps après leur naif- f<br />

animaux. fance : dautant que c'eft vne contenance bien fortable à la foiblefle, ^,<br />

Le manger naturel, enquoy ilsfefentent. Quant à l'vfage du manger, il eft en nous com- $<br />

grfansinftruclion. me en eux, naturel & fans inflruction. i [<br />

chacun u vigueur Sentit enim vim qui/que fuam quam foflit abutï.<br />

dont ii fe peut reruu. Quj fait doute qu'vn enfant arriué a. la force de fe nourrir, ne feeut<br />

quefter la nourriture ?& la terre en produit, & luy en oftrcafiez pour "<br />

f<br />

(t<br />

fa necefïité, fans autre culture tk artifice : Et finonen tout temps,aufli ^<br />

ne fait-elle pas aux belles, tefmoin les prouifionsque nous voyons $<br />

faire aux fourmis tk autres, pour les faifons fteriles de l'année. Ces î*<br />

Nations, que nous venons de defcouurir, fi abondamment fournies l"<br />

de viande tk de breuuage naturel, fans foin ôc fans façon, nous vien- !»<br />

nent d'apprendre que le pain n'eft pas noftre feule nourriture : tk que |»!<br />

fans labourage, noftre mere nature nous auoit munis -, a plâté de tout 'J<br />

ce qu'il nous falloit, voire comme il eftvray-femblable, plus plaine- f<br />

ment tk plus richement qu'elle ne fait à prefent, que nous y auons ^<br />

La terre produifoit niellé noftre artifice :<br />

d'elle-mefine àl'hom- ,. . . . r / .<br />

me au premier facie, ht tellus nitidas jrures, vmetaque Uta<br />

les frui&s rians , les Ç, R • \ I-T . R •<br />

m J<br />

gays vignobles les pet£*$££<br />

Sponte jua primum mortalibus ipja creauit,<br />

M' dulces fœtus, $ fabula Uta,<br />

jj<br />

qui maintenant muki- Quai nunc vix noftro rrandeÇcunt auéîa labore.<br />

plient a peine,fecon- "v.— . x •> O J UL<br />

dez du labeur,par le- Conterimufciue boues & vires airicolarum.<br />

quel nous brilons les « . n . n 1 f* t i n - 1<br />

Foi-ces vfées des ou- le deibordement tk delreglement de noltre appétit deuançant toutes œ<br />

B<br />

dcsTœuf"T«S". &<br />

^ cs<br />

inuentions, que nous cherchons de l'afiouuir. Quant aux armes, M<br />

„ nous en auons plus de naturelles que la pluf-part des autres animaux, ,i,<br />

firmes naturelles * i i- 1<br />

de l'homme P<br />

i i r<br />

n • i i r •<br />

u s<br />

dmers mouuemens de membres, tk en tirons plus de leruice l<br />

naturellement & fans leçon : ceux qui font duits à combattre nuds, |<br />

on les void fe ietter aux hazards pareils aux noftres. Si quelques belles ^<br />

nous furpaffent encétaduantage,nous en furpaffons plufieursautrès:<br />

Etl'induftriede fortifier le corps & le couurir par moyens ac-<br />

^<br />

quis, nous l'auons par vninftinâ: &precepte naturel. Qujil foit ainfi, 1<br />

Dents de ïelephant. l'éléphant aiguife tk efmout fes dents, defquelles il fe fert à la guerre |<br />

(car il en a de particulières pour cet vfage, lefquelles ilefpargne, &ne ^<br />

les employé aucunement à fes autres feruices) Quand les taureaux y<br />

vont au combat, ils refpandent & iettent la pouifiere à l'entour ,<br />

firmes detichneu- d'eux : les fangliers affinent leurs defenfes : & l'Ichneumon, quandil [<br />

mon Voulant com- doit venir aux prifes auec le crocodile, munit foncorps, l'enduit&le ^<br />

battre le crocodile. ^ FTE ^ N ? DE LIMON BKN fa^ & BICN PAIFTRY> CQMMC Jd'vne<br />

cuirafle. Pourquoy ne dirons-nous qu'il eft auffi naturel de '<br />

Parler de tyomme. nous armer de bois & de fer ? Quant au parler, il eft certain, que s'il ^<br />

n'eft pas naturel, il n'eft pas neceffaire. Toutefois ie croy qu'vn en- **}<br />

fant qu'on auroit nourry en pleine folitude, efloigne de tout corner- ^<br />

ce,qui feroit vn e ffay mal-aiic à faire, auroit quelque efpece deparolc ltlc<br />

?

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!