r - Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

LIVRE PREMIER.
foit hors de noftre puiffancede choifir ce qu'il nous faut? Dequoy
porte bon tefmoignage cette grande difpute, quia toufiours efté entre
les Philofophes, pour trouuer le fouuerain bien de l'home, tk qui
dure encore tk durera éternellement, fansrefolution tk fans accord.
dum abeft quodaucmus 3 id exuperarc videtur
Cetera 3poft aliud cum contint illud auemus 3
Etfitis œqua tenct.
Quoy que ce foit qui tombe en noftre cognoiifance tk iouïfiancc,
nous fentons qu'il ne nous fatisfaitpas, & allons béant après les chofes
aduenir tk incognuës, dautant que lesprefentes ne nous faoulent
point. Non pas à mon aduis qu'elles n'ayent aifez dequoy nous faouler,
mais c'eft que nous les faififlons d'vneprife malade & defreglpe.
T^jtm cum vidit hic ad vfum quœ fagitat vfus 3
Omnia iam ferme mortalibus effe parafa,
Diuitiis homines (Sf honore fô) laude potentet
Affuere 3 atque bona natorum cxceUere fama 3
JVec minus effe domi 3 cuiquam tamen anxia corda^
Atque animum infeftis cogi feruire querelis:
InteUcxit ibï vitium vas facere ipfum 3
Omniâque illius vitio eorrumpier intus 3
Quœ coiiataforis & commoda quoique venirent.
Noftre appétit eft irrefolu tk incertain : il ne fçait rien tenir, ny rien
iouïrde bonne façon. L'homme eftimant que ce foit parle vice de
ces chofes qu'il tient, ie remplit tk fe paift d'autres chofes qu'il ne
fçait point, & qu'il ne cognoift point, où il applique fes defirs tk fes
efpcrances,les prend en honneur tk reuerence : comme dit Ceiar,
Communifitvilio natufœ 3 vt inuifs 3 latitantibus atque incognitis rébus magis
confidamus 3vehcmcntiufque exterreamur.
"Des vaines fubtilite^,.
CHAPITRE XLlV.
Bien fouucYdin de
I homme indec'n en­
tre les Philofophes.
Tandis que le bien que
nous chu irions nous
ivanque, nous croyons
quil iiirpafle toute
chofe: & quand il noHS
eft .unué, nous en fou»
haitons vn autre de pareille
ardeur. LUCR.
Les ch oftsprefen­
tes ne nous faonlent
point } & pourquoy.
Car comme il vid, que
tout ce que l'vfage des
mortels appetok, leur
eftoit à peu près acquis
: SE que des hommes
comblez de biens,
d honneurs, de réputation
, de maifons biei»
garnies , & d'enfans
bien nommez , traifnoient
pourtant leurs
vies en foheitude, gchennans
leur eccur de
plaintes & douleurs
importunes : il cognue
que le mal ne procédât
que du vafe, qui
par fon vice alteroit au
dedans toutes les félicitez
SE tous,les biens
qlii prouiennent & fc
recueillent du dehors.
LACAN. 1.6.
appétit de Ihomme
incertain &*irrefo-
Itt.
II arriùc p.-.r vn vice
commun de la Nature,
que nous prenons plus
de créance & d eftime,
dps chofes cachées ,n5
cognucs & non veiies:
& conceuons auec plus
de véhémence leur
crainte & lear refpe&.
L eft de ces fubtilitez friuoles &: vaines,par le moyen defquclles
les hommes cherchent quelquefois delarecommandation
: comme les Poètes, qui font des ouurages Poëfie ditterfe des
entiers de vers commençons par vne mefme lettre : nous
Voyons des œufs, des boules^ des ailles, des haches façonnées anciennement
parles Grecs,auec la mefuredeleursvcrs,enlcs alongeant
ou accourfiffant,en manière qu'ils viennent à reprefenter telle, ou
telle figure. Telle eftoit la feience de celuy qui s'amufa à compter en
combien de fortes fe pouuoient renger les lettres de l'alphabet, êC
y en trouua ce nombre incroyable,qui fe void dans Plutarquc< le
trouue bonne ^opinion de celuy, à qui on prefenta vn homme £
dnci
ws>