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Î54 ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE;
tôft defrobé celles qui eftoient plusàmafantaifie, i'inftruits &ai~
guife mon appétit à celles qui reftent plus fortables à cette autre fai- f" (
Ion. Il faut retenir auec nos dents &nos griffes, l'vfage des plaifirs de *
cuciïfon* k s fleurs la vie,que nos ans nous arrachent des poings, les vns après les autres,
de nos plaifirs, autre- carpamus dulàa, noftrum efl i'
meut c eit languir & / i i i f
«on pas vmrc: cet eftre Quod viuis , cinis & manei û) fabula fes. f
cjue tu roules, deuien- —-> . J J
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dra poudre, ombre & Or quant a la fin que Pline Ôc Cicer o nous propolent de la gloire,c'eft »°"
c..ITRJ.NT.bien loin de mon conte: La plus contraire humeur à la retraide, c'eft #
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i°n. La gloire &lcrepos font chofes qui ne peuuent loger en ^
compati es. m efme gifte : à ce que ie voy, ceux-Cy n'ont que les bras ôc les iambes
hors de la preffe, leur ame, leur intention y demeurent engagées plus r
que iamais.
Vas-tu chetifueii'ar- Turi vetule auriculis alien'u colligtf ejeas t
i"re\n\ma" a
dimor- ^ s
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^ feulement reculez pour mieux fauter, ôc pour d'vn plus
fes pourapaiieriesau- fort mouuement faire vne plus viue faucée dansla trouppe. Vous
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reillesdes paflaiu? 1 n-1 • 1 • j• „ -t T i
iditnsM.T. plailt-il voir comme ils tirent court d vn grain? Mettons au contre- 1
poids, l'aduis de deux Philofophes, ôc de deux Sectes tres-differentes,
efcriuans l'vn à Idomeneus, l'autre à Lucilius leurs amis, pour du maniement
des affaires ôc des Grandeurs, les retirer à la folitude. Vou*
auez(difent-ils) vefeu nageant ôc flottant iufques à prefent-, venez j
vous en mourir au port : Vous auez donné le refte de voftre vie à lalumiere,
donnez cecy à l'ombre: Il eft impoffible de quitter les occupations,
fi vous n'en quittez le frui£t, àcette caufe defaites-vous de |
tout foin de nom ôc de gloire. Il eft danger que la lueur de vos j
ad ions paffées ne vous efclaire que trop, ôc vous fuiue iufques dans
voftre tanière : Quittez auec les autres voluptez, celle qui vient de
l'approbation d'autruy : Et quant à voftre feience ôc fufEfance, ne !
vous chaillc, elle ne perdra pas fon effed, fi vous en valez mieux vous
mefme. Souuïenne vous de celuy, à qui comme on demandait, à *
quoy faire il fe peinoit fi fort en vn art, qui ne pouuoit venir à la co- \
gnoiffance de guère de gens : l'en ay affez de peu, refpondit-il, i'en ay
affez d'vn,i'enay affez de pas vn. Il difoit vray :vous &vn compagnon ^
, / v- • „ • elles affez fufEfant théâtre l'vn àl'autre,ou vous à vous-mefmes.Que '
^4mb:tion ennemie . r • t i •-> n. i ri
de la folitude. le peuple vous loit vn,& vn vous ioit tout le peuple : C eitvnelalchc F
ambition de vouloir tirer gloire de fon oyfiueté, ôc de fa cachette : Il t
faut faire comme les animaux, qui effacent la trace à la porte de leur f f
tanière. Ce n'eft plus ce qu'il vous faut chercher, que le monde parle k
de vous, mais comme il faut que vous parliez à vous-mefmes. Reti- toi
rez-vous en vous, mais preparez-vous premièrement de vous y rece- k
uoinceferoit folie de vous fier à vous-mefmes ,fi vous ne vous fçauez K
Moyen Pour ne pas r i r i- i i
gnie : iufques à ce que vous vous foyez rendu tel, deuantqui vous
n'ofiez clocher , ôc iufques à ce que vous ayez honte ôc refpecl: de \
Vous-mefmes, obuerfenturfyecies honeflœ animo : reprefentez-vous toufi-
idurs en l'imagination Caton, Phocion, 5c Anftides, en la prefenec ^
failhr en la folnuàe. gouuerncr. Il y a moyen de faillir en la lohtude, comme en lacompa- l