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Mort opportune, de
pendante de i' ele<
thon âuSiire.
Hy drop: fie de Speu­
fippus.
z 48 ESSAIS DE MICHEL DE MONT AIGN'E,
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de nous plaindre de noftre condition, c'eft de nous auoir laiffe la clef
. , des champs. Elle n'a ordonné qu' vne entrée à la vie, ôc cent mille ifillues
dtuerfes de la ~ ^.
Dux La mort ont pirtout: mis ordre, les
quecrncun defiober la nous vie,mais^u. puile
cun s'omirent la mort:mile pour aler voyes
vers ele. 5*», Thtb.
ati. i. Sctr.
Mort jreccptte À
tous maux.
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y lues.Nous pouuonsauoir rautede terre poury viure, mais de terre
pour y mourir , nous n'en pouuons auoir faute, comme refpondit
Boiocatus aux Romains. Pourquoy te plains-tu de ce Monde? il ne te
tient pas : fi tu vis en peine, ta lafche té en eft caufe : A mourir il ne refte
que le vouloir.
Vbicjuc mors cjl : optimè hoc cauit Deus,
Eripere vitam ncmo non homini potejt:
At ncmo mortem : mille ad hanc aditus patent.
Etcen'eftpaslarecepteàvne feule maladie, la mort eft larecepteà
tous maux: C'eft vn port tres-affeuré, qui n'eft iamais à craindre, &
fouuent à rechercher : tout reuient à vn,que l'homme fe donne fa fin,
ou qu'il la fouffre, qu'il coure au deuant de fon iour, ou quil l'attende
: D'où qu'il vienne c'eft toufiours le lien : En quelque lieu que le fi-
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> i l e f t tout
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' mort, c'eft la plus belle. La vie dépend de la volonté d'autruy, la mort
Mon dépendante de la noftre. En aucune chofe nous ne deuons tant nous accômoderà"
du Vouloir. • , , s . , „
nos humeurs, qu en celle-là. La réputation ne touche pas vne telle
entreprife, c'eft folie d'y auoir refpe£t. Le viure, c'eft feruir,iila liberté
de mourir en eft à dire. Le commun train de la guerifonfe conduit
aux defpens de la vie : on nous incifc, on nous cauterife, on nous détranche
les membres, on nous fouftrait l'aliment, ôc le fang: vnpas
plus outre, nous voila guéris tout à fait. Pourquoy n'eft la veine du
goiier autant à noftre commandement que la médiane? Aux plus fortes
maladies, les plus forts remèdes. Seruiusle Grammairien ayant la
Goutte de Sermus. goutte, n'y trouua meilleur confeii, que de s'appliquer du poifonà
tuer fes iambes:QuMles fuffent podagres à leur pofte,pourueu qu'elles
fuffent infenfibles. Dieu nous donne affez de congé,quand il nous
met en tel eftat, que le viure nous eft pire que le mourir. C'eft foibleiîe
de céder aux maux, mais c'eft folie de les nourrir. Les Stoïciens
difent, que c'eft viure conuenablement à nature, pour le fage,de
fe départir de la vie, encore quil foit en plein heur, s'il le fait opportunément:
Et au fol de maintenir fa vie, encor qu'il foit miferablc,
pourueu qu'il foit en la plus grande part des chofes, qu'ils difent eftre
félon nature. Comme ien'offenfe les loix, qui font faites contre les
larrons, quand i'emporte le mien, ôc que ie coupe ma bourfe : ny des
boutefeux, quand iebrufle mon bois : Auiïi nefuis-ietenu aux loix
faites contre les meurtriers,pour m'eftre oft é ma vie. Hegeiias difoit;
que comme la condition de la vie,auftila condition de la mort deuoit
dépendre de noftre eiledion. Et Diogenes rencontrant le PhilofopheSpeufippus
affligé de longue hydropifie,qui fe faifoit porter en
litière, Ôc qui luy efcria : Le bon falut, Diogenes : A toy, point de falut,
refpondit-il, qui fouffres le viure eftant en tel eftat. De vray
quelque temps après Speufippus fe fit mourir, ennuyé d'vne iipeni-