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Victoires belles.
Defconfture de
Zeomdtu.
Perte de ïarmée
ilfcoU.
Refohtion confian­
te de prifonniers.
Chanfon guerrière
£l>n prisonnier fath
ttaçe.
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140 ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
c'eft la fermeté, non pas des iambes Se des bras, mais du courage Se de
l'ame relie neconfifte pas en la valeur de noftre cheual,ny de nos armes
, mais en la noftre. Celuy qui tombe obftiné en fon courage,)»
fucciàerit, degenu fugnat, qui pour quelque danger de la mort voifine,
ne relafche aucun poincl: de fon aifeurance, qui regarde encores en
rendant l'ame,fon ennemy d'vne veuë ferme &defdaigneufc;ileft
battu, non pas de nous, mais de la fortune : il eft tué, non pas vaincu:
les plus vaillans font par fois les plus infortunez. Auiïi y a-il des pertes
triomphantes à l'enuy des vi&oires. Ny ces quatre victoires
fecurs, les plus belles que le Soleil aye oneques veu de fes yeux, de Salamine,
de Platées, de Mycalc, de Sicile ; n'oferent oneques oppofer
toute leur gloire enfcmble, à la gloire de la defeonfi ture du Roy Leonidas
Se des liens au pas des Thermopyles. Qui courut iamais d'vne
plus glorieufe enuie, Se plus ambitieufe au gain du combat, que le
Capitaine ifcholas à la perte? Qui plus ingenieufement Se cuneufefnent
s'eft aifcuré de fon falut, que luy de la ruine ? Il eftoit commis
à défendre certain palfage du Pcloponnefe, contre les Arcadiens:
pour quoy faire, fe trouuant du tout incapable, veu la nature du lieu,
Se incfgalité des forces, Se fe refoluant que tout ce qui fe prefenteroit
aux ennemis,auroit de necelfité à y demeurer : d'autre-part,eftimant
indigne de fa propre vertu Se magnanimité, Se du nom Laccdcmohien,
de faillir à la charge ; il pnnt entre ces deux extremitez, vn
moyen party, de telle forte : Les plus ieunes Se difpos de fa troupe, il
les conferua à la tuition Se feruice de leur pais, & les yrenuoya:$£
auec ceux defquels le défaut eftoit moins important,il délibéra de
fouftenircepas; Se par leur mort en faire achepter aux ennemis l'entrée
laplus cherc qu'il luy feroit poifiblercomme il aduint. Car eftant
tantoft cnuironné de toutes parts par les Arcadiens-.après en auoir
fait vne grande boucherie, luy &les liens furent tous mis au fil de
refpée.Eft-ilquelquetrophéeaifigné pour les vainqueurs,qui ne foit
mieux deu à ces vaincus? Le vray vaincre a pour fon roollc l'eftour,
non pas le falut : Se confifte l'honneur de la vertu, à combattre, non à
battre. Pourrcuenir à noftre hiftoire, il s'en faut tant que cesprifonniersfe
rendent, pour tout ce qu'on leur fait; qu'au rebours pendant
ces deux ou trois mois qu'on les garde, ils portent vne contenance
gaye,ils preffent leurs maiftresde fehafterde les mettre en cette efiprcuue,
ils les déifient, les iniurient, leur reprochen t leur lafeheté, Se
le nombre des batailles Derduès contre les leurs. I'ay vne chanfon
faite par vn prifonnier, ou il y a ce traict : Quf ils viennent hardiment
treftous, Se s'alfcmblent pour difner de luy ; car ils mangeront quant
Se quant leurs pères Se leurs ay eulx, qui ont feruy d'alimét Se de nourriture
à fon corps : ces mufclcs, dit-il, cette chair Se ces veines, ce font
les voftrcs, pauurcs fols que vous eftes : vous ne rccognoilfez pas que
la fubftance des membres de vos anceftres s'y tient encore : fauourezles
bien, vous y trouucrcz le gouft de voftre propre chair : inuention