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LIVRE PREMIER. M
|ï loge entre ces deux extrémitez : qui eft de ceux qui aprerçoiuent les
'i maux, les Tentent, &e ne les peuuent fupporter. L'enfance 8e la decre-
I pitude fe rencontrent enimbecilhté de cerueau. L'auarice & la pro-
» f uiion en pareil defir d'attirer 8e d'acquérir. Il fe peut dire auec appa-
I rence,qu'iiya ignorance abécédaire, qui va deuânt b Science: vne ignorance de tint*
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autre doctorale, qui vient après la Science : ignorance que la Science fes fortes,
i fait 8e engendre, tout ainli commeelle deffait 8e deftruic la première.
1 Des efputs aniples, moins curieux & moins mftruits,ils'en fait de ^»ts fimpks.
X bons Chreftiens, qui par reuerence 8e obeïifance, croyent fimple-
\ ment, 8e fe maintiennent fousles loix. En la moyenne vigueur des Ecrits moyens'.
X cfprits,cV moyenne capacité, s'engendre l'erreur des opinions : ils Errewdes opinions*
\ fuiuent l'apparence du premier fens: & ont quelque tiltred'interpre- d'où s'engendre.
t ter àniaiferie &beftife que nous foyons arreftez en l'ancien train, rei,
gardans à nous, qui n'y fommes pas inftruits par eftude. Les grands Ecrits grands
t efpritsplusraftis&clairuoyans,fontvnautre genredebiencroyans: claimoyanç*
i leiquels par longue 8e religieufe inueftigation, pénètrent vne plus
k profonde 8e abftrufe lumière és Efcritures, 8e fentent le myfterieux
!,( &diuin fecret de noftre police Ecclefiaftique. Pourtant envoyonsli
nous aucuns eftre arriuez à ce dernier eftage, par le fécond, auec mer-
n
ueilicux fruict, 8e confirmation : comme à l'extrême limite de la
il Chreftienne intelligence : 8e iouïr de leur victoire auec confolation,
l actions de grâces, reformation de moeurs, 8e grande modeftie. Et en
du ce rang n'entens-ie pas loger ces autres, qui pour fe purger du foupbi
çon de leur erreur paiTé, 8e pour nous affeurer d'eux, fe rendent extré-
\ mes, indiferets, 8e iniuftes, à la conduite de noftre caufe, 8e la tachent
e[ d'infinis reproches de violence. Les païfansfimples, font honneftes païfans^
j gens: 8e honneftes gens les Philofophes: ou, félon que noftre temps
ifi les nomme ; des natures fortes 8e claires, enrichies d'vne large înftrujjj
ction de feiences vtiles. Les meftis, qui ont defdaigné le premier fiet[
ge de l'ignorance des Lettres, 8e n'ont pu ioindre l'autre (le cul entre
deux felles : defquels ie fuis,& tant d'autres) font dangereux, ineptes,
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impe rcuns : ceux-cy troublent le Monde. Pourtant de ma part,ie me
u recule tant que ie puis,dans le premier 8e naturel fiege, d'où ie me fuis
J pour néant effayé de partir. La Poefie populaire apurement natu- poife populaire;
I relie, a des naïfuetez 8e grâces, par où elle fe compare à la principale
m beauté de la Poefie parfaite félon l'art: comme il fcvoidésvillanelles "Boëfie parfaite,
jj de Gafcongne 8e aux chanfons, qu'onnous rapporte des Nations qui
j. n'ont cognoiffance d'aucune Science, ny mefme d'eferiture. LaPoe- Poefie médiocre,
jl lie médiocre, qui s'arrefte entre-deux, eft defdaignée, fans honneur,
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&fans pjfix. Mais parce qu'après que le pas a efté ouuert à l'efprit, i'ay
H trouue, comme il aduienc ordinairement, que nous aurons pris pour
|l vn exercice malaifé 8e d'vn rare fujet, ce qui ne l'eft aucunement, 8e
|j qu'après que noftre inuention a efté efchauffée, elle defcouure vn
jj nombre infiny de pareils exemples -, ie n'en adioufteray que cettuy-
'j cy : que fi ces Effais eftoient dignes qu'on çniugeaft, il en pourroit
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