r - Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

314 ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
habitations tk demeures humaines, tk y dreffer des colonies pour ^
noftre commodité,comme fontPlaton tk Plutarque? tk de noftre
c'EFT ENTRE-MTRESYNE terre en faire vn aftrc efclairant & lumineux? Inter cœtcramortalitatis $
h nvuK MUMM"QUC incommodahoc cjt, caligo menûum:nectantumnecejjitas errandi,federro~ ^
Ï£t^k^wz^% rum amor. Corruptible corpus aggrauat animam, fydeprimïttcrrenain
décrier AUEC FOY NON fa atj 0 f enfum multa coçjtantem. La prefomption eft noftre maladie na- \
IEULEMTNT LA NTCEFLITE J I IL F I 1 - r r LI 1
DERRER, MAIS I AMOUR turelle & originelle. La plus calamitcui e tk rrague de toutes les créa-
t
COINI^IBÏE'APPES tures c'eft l'homme, tk quant tk quant la plus orgueilleufe. Elle fe
l^ÙT^V&T fcnt& fevoidlogéeicyparmylabourbe&lefientdumonde,atta- &"
ïalîîtt DE «TIMAGI! CN ^E &
d°ùéc à l a
pi re P
m s J P morte & croupie partie de iVniuers ,au
AINOM.SEN.DE RRTNQ. dernier eftage du logis ,tk le plus efloigné de la voûte celefte, auec les
animaux de la pire condition des trois*: & va fe plantant parimagi- flf
Orgueil &prefom~ n a ti o n a u deffus du cercle de la Lune, & ramenant le Ciel fous fes I 11
ptton, maladie na- • J N L • ' J ~, C • > 1 «/ I \ I,
f
„' „ pieds. C eit par la vanité de cette metme imagination qu ils égale à i»
turelle & originelle f. , I .. I I • I • È
,-I r • r &
de l'homme. Dieu,quil s attribue les conditions diurnes, qu il le trie ioy-melme 1
& feparedelapreifedes autres créatures, taille les parts aux animaux ^
fes confrères tk compagnons, tk leur diftnbuë telle portion de facul- fj
tez&de forces que bon luy femble. Comment cognoift-il parl'ef- •
fort de fon intelligence, les branles internes tk fecretsdes animaux? i
par quelle comparaifon d'eux à nous,conclud-il la beftife qu'il leur j
attribue ? Quand ie me iouë à ma chatte, qui fçait, fi elle palfe fon jr
temps de moy plus que ie ne fay d'elle? Nous nous entretenons de jt
lingeries réciproques. Si i'ay mon heure de commencer ou de refu- J,
fer,aufîi a-elie lafienne. Platon en fa peinture de l'âge doré fous Sa- ,
turne, compte entre les principaux aduantages de l'homme de lors, j,
Communication de la communication qu'il auoit auec les belles ; defquelles s'enquerant K
Ihomme auec les & s'inftruifant, il fçauoit les vrayes quahtez tk différences de chacune ^
k/k*' d'elles: par où il acqueroitvne tres-parfaite intelligence &pruden- tj
ce -, tk en conduifoit de bien loin plus heureufement fa vie, que nous ft
ne fçaurions faire. Nous faut-il meilleure preuue à iuger l'impuden- r[
ce humaine fur le fai & des belles? Ce grand Autheur a opiné, qu'en y
la pluf-part de la forme corporelle que nature leur a donné, elle a regard
é feulement l'vfage des prognoftications qu'on en tiroit en fon
temps. Ce défaut qui empefche la communication d'entre-elles & ^
nous, pourquoy n'eft-il aulfi bien à nous qu'à elles ? C'eft à deuiner
a qui elt la faute de ne nous entendre point : car nous ne les entendons
non plus qu'elles nous. Par cette mefme raifon elles nous peu- '
uent eftimer belles,comme nous les eftimons. Ce n'eft pas grand ^
merueille, fi nous ne les entendons pas, auifi ne faifons-nous les Baf- j (
ques tk les Troglodytes. Toutefois aucuns fe font vantez de les en-
JI
tendre,comme ApolloniusThyaneus,Melampus,Tirefias,Thaïes ^
ôc autres. Et puis qu'il eft ainfi,comme difent les Cofmographes, ^
qu'il y a des Nations qui reçoiuent vn chien pour leur Roy, il faut *
bien qu'ils donnent certaine interprétation à fa voix & mouuemens. \
Il nous faut remarquer la parité qui eft entre nous : Nous auons quel- ^
que ï !
r