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^ LIVRE SECOND. S j t
More efclaue, cftimant que cetee couleur luyfuit Venue par accï- More médecine pour
dent, & mauuais traitement de fon premier maiftre, le fit medeciner luy chano-er facou»
de plufieurs bains ôc breuuagcs, auec grand foin : il aduint,quele k»rbafané} é
il
\ More n'en amenda aucunement fa couleur bafanée, mais qu'il en
^ perdit entièrement fa première fanté.Combien de fois nous aduient-
''Jj il, de voir les Médecins imputans les vns aux autres, la mort de leurs
t(
*j patiens? Il me fouuient d'vne maladie populaire, qui fut aux villes
^ de mon voifinage, il y a quelques années, mortelle tk tres-dange-
^| jeufe: cet orage eftant paffé, qui auoit emporté vn nombre infiny
H d'hommes; i'vndes plus fameux Médecins de tqute la contrée, vint
M à publier vn Liuret, touchant cette matière, par lequel il fe rauife, de
U ce qu'ils auoient vfé de la faignée,&: confeffe que c'eft l'vne des çauil
fes principales du dommage qui cn eftoit aduenu. Dau.mtage leurs
a
i Antheurs tiennent, qu'il n'y a aucune médecine, qui n'ait quelque
partie nuifible. Et fi celles mefmes qjui nous feruent, nous offencent ^ HSe médecine fans
aucunement, que doiuent faire celles qu'on nous applique du tout quelques parties nuihors
de proposa De moy, quand il n'y auroit autre chofe,i'eftimç fol"*
qu'à ceux qui haïffentlc gouft de la médecine, ce foit vn dangereux
effort, & de préjudice, de l'aller aualler à vne heure fi incommode,
auec tant de contre-cœur : & croy que cela efTay e merueilleufcment
je malade, en vne faifon, où ilatantbefoinderepos. Outre ce,qu'à
confiderer les occafions, furquoy ils fondent ordinairement la caufe
de nos maladies, elles font fi légères &: fi délicates, que i'argumente
par là, qu'vne bien petite erreur en la difpenfation de leurs drogues,
peut nous apporter beaucoup de nuifancc. Or fi le mefeompte du v
Médecin eft dangereux, il nous va bien mal: car il eft fort mal-aifç Mefcempte du Me«
qu'il n'y retombe fouuent : ilabefoinde trop de pièces, confidera- decin, tres*dange-
çions,&: eirconftances,pour aifufter iuftement fon deffeiiï: Il fauç reHX
*
qu'il cognoiffe la cbmplexion du malade, fa température, fes hu->
meurs, fes inclinations, fes actions, fes penfemens mefmes, & fe$
imaginations. Il faut qu'il fe refpondc des circonftances externes, de
la nature du lieu, condition de l'air tk du temps, afïiette des planètes,
& leurs influences. Qif il fçache en la maladie les caufes, les lignes, les
affections, les iours critiques : en la drogue, le poids, laforce, le païs, v
la figure, l'âge, la difpenfation : tk faut que toutes ces pièces, il les fçache
proportionner & rapporter l'vne à l'autre, pour en engendrer
vne parfaite fymmetrie. A quoy s'il faut tant foit peu, fi de tant de
reffortSjil y en avn tout feul qui tire à gauche, en voila affez pour
nous perdre. Dieu fçait, de quelle difficulté eft la cognoiffance de la
plufpart de ces parties: car pour exemple, comment trouuera-il le
figne propre de la maladie, chacune eftant capable d'vn infiny nombre
de fio-nes? Combien ont-ils de débats entr'eux &de doutes,fur
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i » i, \ j i Coo-nmijance des
1 interprétation des vnnes? Autrement d ou vicjidroit cette alter- r i mf s.^ r e s d e l a
cation continuelle>que nous voyons entr'eux fur la cognoiffance du malake
mal? Comment exeuferions-nous cette faute, où ils tombent fi fou- foie*
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