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LIVRE TROIS IES ME. 1
J vnbenefice, ouvnlieure,necourentpas. Ceux-là courent, qui cou-
, rent aux barres, & pour exercer leur courfe. Mon defTein elt diuifible
^ par tout, il n'eft pas fondé en grandes efperances : chaque iournée en
fait le bout. Et lc voyage de ma vie fe conduit de mefme. I'ay veu
^ pourtant alfez de lieux efloignez, où i'euffe déliré qu'on m'euft arre-
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* fté.Pourquoynon,fiChryfippus,Cleanthes,
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Diogenes,,Zcnon,An-
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^ tipater, tant d'hommes fages, de lafede plus refrongnée, abandon- t"J' s5a
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nèrent pien leur pais, lans aucune occahon de s enplaindre: &feule- treair.
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* mentpourlaiouylfanced'vnautreair ? Certes le plus grand defplai-
\ fir de mes pérégrinations, c'eft que ie n'y puiiTè apporter cette reioIu->
'j tion d'eftablir ma demeureoù ie me plairois. Et qu'il nie faille toufiours
propofer dereuenir,pour m'accommodcr aux humeurs communes.
Siiecraignoisdemouriren autre lieu, que celuy demanaiffancerliiepenfois
mourir moins à mon aife, eftoignédesmiens,à
il peine fortirois-ie hors de Frante : ie ne fortiroispas fans effroy hors
i demaparoiffe:Ie fens la mort qui me pince continuellement la gorj.
\ ge, ou les reins: Maisie fuis autrement fait, elle m'eft vne par tout. Si
i toutefois i'auois à choifir, ce fcroit,ce crois-ie, pluftoft à cheual, que
i dâs vn lit hors de ma maifon,&loin des mies. Il y a plus de creuecœur
que deçofolation,àprendrecongédefesamis. l'oublie volontiers ce
deuoir de noftre entregent: Cardes offices de l'amitié, celuy-là eft le
feul defplaifant, & oublierois ainfi volontiers à dire ce grand & éternel
adieu. S'il fe tire quelque commodité de cette aftiftance,il s'en tire
centincommoditez. I'ay veu plufieursmourans bien piteufemenr^
affiegez detout ce train : cette preffe les eftouffe. C'eft contre le deuoir,
& eft tefmoignage de peu d'affedion, &de peu de foing,de
vous laiffer mourir en repos : L'vn tourmente vos yeux, l'autre vos
oreilles, l'autre la bouche : il n'y a lensny membrei qu'on ne vous
fracafle. Le cœur vous ferre de pitié d'ouïr les plaintes des amis ; & de
defpitàl'aduenture^d'ouïr d'autresplaintesfeintes & mafquées.Qui
a toufiours eu le gouft tendre, affoibly, il la encore plus. Il luy faut
en vne fi grande neceflité,vne main douce Raccommodée à fon fentiment,pour
le gratter iuftement où il luy cuit.Ou qu'on ne le gratte
point du tout: Si nous auons befoin de fage-femme à nous mettre au H o m f n eç^ e n e„
mode, nous auons bien befoin d'vn home encore plus fage à nouscn ceffa,re à nom foHij>
tirer. Tel, & amy, le faudroit-il acheter bien chèrement, pour le feruice
d'vne telle occafion. le ne fuis point arriuéà cette vigueurdcfdaigneufe,
qui fe fortifie en foy-mefmc > que rien n'ayde ny ne trouble
: ie fuis d'vn poind plus bas. le cherche à coniller & à me defrober
de ce partage : non par crainte, mais par art. Ce n'eft pas mon aduis de
faire en cette adion, preuue ou monftre de ma confiance. Pour qui?
Lors cefïera tout le droid&l'intereft que i'ay à la réputation. le me
dumonde.
contente d'vne mort recueillie en foy, quiete & folitaire, toute mien- Mortqniete&fdine,
conuenable à ma vie retirée & priuée. Au rebours de la fuperftition
Romaine, où oneftimoit mai-heureux celuy qui mouroit fans
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