r - Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

P R E F A C E .
'fient fa, forme de luy. Le fèuliugementefleue les humains 1
furlesbefles;Socrates fur
eux , les Anges fur Socrates : ($f le feuliugement nous met en droite pojfejfion de
Dieu: cela s'appelle l'ignorer {0 l'adorer en lafoy. Pythagoras difoitauJJi,que la con-*
noiffance de Dieu ne pouuoiteflrc en nous, que l'extrême effort de noflre imagjnatiue
vers la perfection. Or vousplaifl-il auoir ïefbatdevoir efchauderplàifammentles
froids ejlimateurs des Sjfais ? mettes leur ïugemetit furie troittoira ïexamen des Limes
anciens, le nedispaspourleurdemanderai Plutarque f0 Sencquefontdegrands
Autheurs, caria réputation les dreffe en ce poinct-ïa, mais pourffauoirde quelle part
ils le font plus: fi c'eflen la facultédeiuger,fi c'efl en celle d'inuenter&de produire,
comme euxquideuifentde ces faculté-^ les entendent ou comprennent: qui frappe
plus ferme que flon compagnon en tel &tel endroit: quelle a deu félon leur matière
efre leur conduite (^f leur fin en efcriuant : quelle des fins d'efrire efl la meilleure en
gênerai: quelles de leurs pièces ils pourraient perdre auec moins d'interefl: quelles ils
deuroient conferuerauant toutes, &pourquoy. Faites-leur après efpluckervnecomparaifonde
l'vtilitê'de la doctrine de ces deux ou de leurs femblables, contre celle des
autres 2Ccriuains : f0 finalement trier en rationnantfuries caujes, ceux de cette plantureuje
bande des Àdufes de JMinerue, qu'ils aymeroieni mieux reffembler & difi
fembler. Quiconque flaura pertinemment refondre de tout cela, ie luy donne loy de
gouuerner, feeller & canceler ma créance fur noflre Liure.
'Tour Venir aux reproches que ces perfonnes font aux Effais ,icne les daignerais
rabattre, à deffein de les mettre en grâce auec elles, malades non curables par les mains
de la raifon : toutefois i'en veux dire vn mot en confideration de quelques écrits, qui
méritent bien qu'on employé vn aduertiffement, afin de les garder de chopper après les
choppeurs : fi de formats le crédit quvn Ouuragede telle excellence s'efl acquis auprès
de toutes les belles ames, par la force de la vérité, ne nous releue de ce befom : (S}fans
doute la guerre qu'il a fouler te entre les cerueaux foibles,&la faueur qu'il a nettement
gaignée entre les forts,onteflé auffineceffaires appendances de fin mérite l'vne.
que l'autre. Premièrement on l'aceufe de quelque vfurpation du Latin ,de la fabrique
de no uue aux mots, d'employer quelque s phrafes nonchalantes ouGafconnes,
le refonds,que ie leur donne gaigné, s'ils peuuent dire ,pere ny mere ,frere,fœur,
boire,manger,dormir, veiller, aller,voir, fentir,ouïr $ toucher, ny tout le refle en
flamme des plus communs vocables qui tombent en noflre vflage ,Jans parler Latin.
O'ùy ,ma'u le bejoin d'exprimer nos conceptions , dit quelquvnd'eux, nous a contraints
à l'emprunt de ceux-cy. vJMa réplique efl, que le bejoin de mon Peretoutde
mefmes, l'a contraint de porter en ceux-lafis emprunts outre les tiens, pourexprimey
fes conceptions, qui font outre les tiennes. le fçay bien qu'on a tourné les plus nobles
conceptions,^ les plus excellens Liurcs en noflre langue, ou les traducteurs fe font par
fou rendus plus fuperflitieux innouer •jfy puifier aux fources eflrangeres : mais on.
doit confiderer, que les Efijais refferrent envne ligne, ce que ces traducteurs ofent
alongeren quatre : iointque nous ne fommespeut-eflrepas afife^ fçauans,ny moy, ny
ceux quideuifent ainfi,ppur fentir fi ces traductions font partout aujjivigoureufes
que leur texte. V ay me a aire Gladiateur,i'ay me adiré ,Efcrimeur a outrance ,aujfi
fait ce Liure : cependant qui m aflreindroit a quitter l'vn des deux ,ie retiendrais
Gladiateur : f0 fifçay quel bruit on en mènera: par tout en choje flmblable ,icfcrois
de me fine, l'entens bien, qu'il faut vjer de bride aux inno nations &aux emprunt Si
B IJ