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7*4 ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
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IEFANÏEFTFIVOIFMDU quelles,&lc pour, ôc lecontre,eft faux, /ta finitima funtfalfaverisi vt •
lZ\}*\llti in précipitent locum nonâebcat fefapicns committcre. La vérité & le men-
FON IUGEMENT « LIEN r o n t i e u r s vifao-es conformes, le por t, le gouft, ôc les alleures
KABIEUX. Acad.qu.*.
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pareilles: nous les regardons de melme œil. le trouue que nous ne
LAfvmte & le r Q p a s feulement lafchesà nous défendre de la pipcrie: mais
menfono-e, conjor- r v F *T
met àe%ifa?e quenous cherchons, ôc nous conuions a nous y enterrer: Nous aymons
à nous embrouiller en la vanité, comme conforme à noftre
eftre. I'ay veulanaiffancedeplufieurs miracles de mon temps. Encore
qu'ils s'eftouffent en naiflant, nous ne lailfons pas de preuoir le
train qu'ils eulfent pris, s'ils eulfent vefcu leur âge. Car il n'eft que de
trouuer le bout du fil, on en deuide tant qu'on veut: Ety aplusloin,
de rien, à la plus petite chofe du Monde,qu'il n'y a de celle-là, iufques,
à la plus grande. Or les premiers qui font abreuuez de ce commencement
d'eftrangeté, vcnans à femer leur hiftoire, fentent par les oppofitions
qu'on leur fait, où loge la difficulté de la perfuafion,& vont
LES HOMMESAYANSNI- calfeutrant cétendroit de quelque pièce fauiTe. Outre ce que,infita-
MRE'IEMCNT CET APPE- /; 0W/' wj^lihidinealendideinduftriammores ,nous faifons naturellement
TIT.DE NOURRIR DE GUET ^ CL' C 1 C
ÀPEADIESBIUITS.I.*^. confeience, de rendre cequ on nous a preite, ians quelque viure, ôc
Curt
' acceffion de noftre creu. L'erreur particulière, fait premièrement
l'erreur publique : 5c à fon tour après, l'erreur publique fait l'erreur
particulière. Ainfi va tout ce baftiment, s'eftoffant &: formant, de
main cn main : de manière que le plus efloigné tefmoin, en eft mieux
inftruit que le plus voifin : Ôc le dernier informé, mieux perfuadé que
Perfuafon ,progre^ le premier. C'eft vn progrez naturel. Car quiconque croid quelque
naturel. chofe, eftime que c'eft ouurage de charité, de la perfuader à vn autre:
Et pour ce faire, ne craint point d'adioufter de fon inuention, autant
qu'il void eftre neceflaire en fon conte, pour fuppleer à la refiftanec
& au défaut qu'il penfe eftre en la conception d'autruy. Moy-mefme
qui fais finguliere confeience de mentir ; Ôc qui ne me foucie guère
de donner créance ôc authorité à ce que ie dis, m'apperçoy toutefois,
au propos que i'ay en main, qu'eftant efchauffé ou par la refiftance
d'vne autre, ou par la propre chaleur de ma narration, ie groifis ôc
enfle mon fujet, par voix, mouuemens, vigueur ôc force de paroles:
ôc encore par extention ôc amplification ; non fans intereft de la vérité
naïfue : Mais ie le fais en condition pourtant,qu'au premier qui me
rameine,& qui me demande la vérité nu'é & crue, ie quitte foudain
mon effort, &laluy donne, fans exagération, fansemphafe, ôc rempliffage.
La parole viue& bruyante, comme eft la mienne ordinaire,
Hommes du tout s'emporte volontiers à l'hyperbole. Il n'eft rien à quoy communé-
tenùm à donner cre- „ ^ 1 1 „ R • i J r v
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, - , mentleshommes ioicnt plus tendus, qu'a donner voye a leurs opidita
leurs opinions. . v , i- • c •,• n i
nions. Ou le moyen ordinaire nous taut, nous y adiouitons le commandement
, la force, le fer, ôc le feu. Il y adu mal'heur, d'en eftre là,
que la meilleure touche de la vérité, ce foit la multitude des croyans,
en vne prefle où les fols furpalfent de tant .les fages ,en nombre.
COMME fi CHOFE QUEL- r \ j r II\ \ 1 r 1 r
TOUQUE EFTOIT fi PIAN- Ss^Ji'vero qmdquamJittam i
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