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LIVRE SECOND. i 43
Ladclicateffey eft àfuyr,Sdefoigneux triage du vin. Sivousfon- r> elicatejf e aui>in
dezvoftre volupté à le boire friand , Vous vous obligez à la douleur eft à far, fourde
le boire autre. Il faut auoir le gouft plus lafche&plus libre. Pour T*°J>eftre
bon beuueur , il faut vn palais moins tendre. Les Allemans
boiucnt quafi également de tout vin auec plaifir:Leur fin c'eft l'aualler,plus
quclegoufter. Ils en ont bien meilleur marché. Leur
volupté eft bien plus plantureufe Se plus en main. Secondement,
boire à la Françoife à deux repas, Se modérément, c'eft trop restreindre
les faueurs de ce Dieu. Il y faut plus de temps Se de confiance.
Les anciens franchi {foient des nuicts entières à cet exercice, &y at- Boire des anciens.
tachoient fouuent les iours. Et fi fautdreffer fon ordinaire plus large
& plus ferme. I'ay veu vn grand Seigneur de mon temps, pexfon- Seigneur de hautes
nage de hautes entreprifes, Se fameux fuccez, qui fans effort, &au ^^f'^^"^
train de fes repas communs, ne beuuoit guère moins de cinq lots de
vin: & ne fe monftroit au partir de là, que trop fage Se aduifé aux
defpens de nos affaires. Leplaifir, duquel nous voulons tenir compte
au cours de noftre vie, doit en employer plus d'efpace. Ilfaudroit,
comme des garçons de boutique, Se gens de trauail t ne refufer
nulle occafion de boire, Se auoir ce defir toufiours en tefte. Il
femble que tous les iours nous racourciffons l'vfagede cetuy-cy:&
qu'en nos maifons, comme i'ay veu en mon enfance, les defiuners,
les reffiners, Se les collations fuffent plus fréquentes Se ordinaires,
qu'àprefent. Seroit-ce qu'en quelque chofe nous allaffions vçrs
l'amendement ? Vrayement non : Mais ce peut eftre , que nous
nous fommes beaucoup plus iettez à la paillardife , que nos pères. Exercice de l'amour,
Ce font deux occupations, qui s'entr'empefchent en leur vigueur, compoféparl'yuron.
Elle a affoibly noftre eftomach d'vne part : Se d'autrepart la fobrietéfcrtànous
rendre plus coints,plus damerets pour l'exercice de l'amour.C'eft
merueille des comptes que i'ay ouy faireà monpcrc,de
lachafteté de fon fiecle. C'eftoit à luy d'en dire, eftant tres-aduenant
& par art Se par nature, à l'vfage des dames. Il parloir peu &bien, Se
&limefloit fon langage de quelque ornement des liures vulgaires,
fur tout Efpagnols: Se entre les Efpagnols, luy eftoit ordinaire celuy
qu'ils nomment Marc-Aurelc. Le port,il l'auoit d'vne grauité douce,
humble, Se tres-modefte. Singulier foin de l'honnefteté &décence
defaperfonne,&: de fes habits, foit à piedj foit àcheual. Monftrueufefoyenfesparoles:
&vneconfcience&: Religion en gênerai,penchant
pluftoft vers la fuperftition que vers l'autre bout. Pour vn
homme de petite taille, plein de vigueur, Se d'vne ftature droite Se
bien proportionnée, d'vn vifage agréable,tirant fur le brumadroit Se Exercice de Nobles,
exquis en tous nobles exercices. I'ay veu encore des Cannes farcies de
plomb, defquelles on dit qu'il s'exerqoit les bras pour fe préparer a
ruerlabarre,oulapierre,ouài'efcrime: Etdes fouliers aux femelles
plombées,pour s'alléger au courir Se à fauter. Duprim-fautil a laïf- Sauts miraculeux.
fé erj. mémoire des petits miracles. le I'ay veu par-delà foixante
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