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I LIVRE SECOND. 3 JI
•S mais nosplus riches ornemens&parfums. Au demeurât la part mef-
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me que nous faifons aux animaux, des faucurs de nature, par noftre imaginaires
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d e l h o m m e
I confefilon, elle leur eft bienauantageufe. Nous nous attribuons des ' '
biens imaginaires Se fantaftiques, des biens futurs Se abfens,defquels
l'humaine capacité ne fe peut d'elle-mefme refpondre : ou des biens
que nous nous attribuons fauiîcment, par la licence de noftre
' opinion, comme la raifon ,1a Science Se l'honneur: & à eux,
S t e n s e
e n t i e l s
\ nouslaiflons en partage des biens effentiels, maniables & palpables, JT
;
a n m a H X
l lapaix,le repos,la fecuritéj'innocéce & la fantéda fantéjdil-ieje plus '
b beau & le plus riche prefent^que nature nous fçache faire.De façô que
:
f laPhilofophie,voirelaStoïque,ofe biendire,qu'Heraclitus &Pt*ere-
\ cydes,s'ils euffentpû efchanger leur fageifeauecla fanté,& fe deliurer
i parce marché, l'vn de l'hydropifie, l'autre de la maladie pediculaire
6 qui le prefloit, ils euffent bien fait. Par où ils d onnét encore plus grâd
FT prixàlafagelfe,lacomparant&contrepoifantàlafanté, quilsnefot Santé, P^fent de
cn cette autre propofition, qui eft auffi des leurs. Ils difent due fi Cir^
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i N R / \ T 7 | < F J I I» c • I le t>iw riche.
ceeuitpreienteaViyliesdeuxbreuuages, 1 vn pour faire deuemrvn
IF hommedefolfage,l'autrc de fagefol* qu'Vlylfeseuft deu pluftoftac- B
pi cepter celuy de la folie, que de confentir que Circé euft changé fa fipe
gure humaine en celle d'vne befte:Et difent que la fagelTé mefme euft
: parlé à luy en cette manière : Qui tte-moy, laiffe-moy là pluftoft que
B demelogerfous la figure &: corps d'vn afne. Commet? cettegrande
JI Se diuine fapiece,les Philofophes la quittent doc, pour ce voile corpoi
rel Se terreftre? Ce n'eft doc plus parla raifon,parle difeours &par l'a-
r e m a
£ e s d e
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Vrcé.
J me, que nous excellons fur les beftes : c'eft par noftre beauté, noftre Excellence de ïho-
I beau teint,&noftre belle difpofitiô de mébres, pour laquelle il nous me furies beftes >en
\ faut mettre noftre intelligence, noftre prudence, & tout le refte à l'a- ^
BI bandon. Or i'accepte cette naïue Se franche confeffion: Certes ils ont
f cogneu que ces parties-là, dequoy nous faifons tant de fefte, ce n'eft »
\ que vaine fantaifie. Quand les beftes auroient donc toute la vertu,la
Science, la fageffe Se fuffifance Stoïque, ce feroient toufiours des belles
: ny ne feroient comparables à vn homme miferable, mefeh an t Si
infenfé. Car enfin tout ce qui n'eft comme nousfommes, n'eft rien
t
qui vaille : Et Dieu pour fe fairevaloir,il faut qu'il y retire,come nous
^ dirons tantoft. Par où il appert que ce n'eft point par vray difeours,
JB mais par vne fierté folle & opiniaftreté, que nous nous préférons aux
autres animaux, Se nous fequeftrons de leur condition Se focieté.
Maispourreuenir à mon propos,nous auons pour noftre part, l'inco- vices &pafims(U
ftance,l'irrefolution,l'incertitude,ledeuil,lafuperftitiô,lafolicitude l'homme*
des chofes à venir, voireapres noftre vie, l'ambition, l'auarice, la iaîoufie,
l'enuie,les appétits defreglefc, forcenez& indomptables,la
guerre,la méfonge, la déloyauté, la detra£Uon Se la curiofité. Certes
nous auôs é trangemét furpay é ce beau difeours dequoi nous no 9
glorifiôs,&;
cette capacité de iugcr&cognoiftre fi nous î'auôs achetée au
prix dece nombre infiny des paffions, aufqùelles nous fomm.es in-
con
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