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SJ4 HJtAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
comment ils vont baftelant, & baguenaudant à nosdefpens en tous
leurs difeours, ôc ne me fçauroient fournir propofition, à laquelle ie f
n'en rebaftiflevnc contraire,dépareille force. Quon ne crie donc
plus après ceux qui en ce trouble, fe laiifent doucement conduire à
leur appétit ôc au confeil de Nature, & fe remettent à la fortune commune.
I'ay veu par occalion de mes voyages, quafi tous les bains fameux
de Chreftienté \ ôc depuis quelques années ay commécé à m'en 0
Bains fort falukes feruir: Car en gênerai i'eftime le baigner falubre, ôc croy que nous |tui
à la fanté. encourons non légères incommoditez, en noftre fanté, pour auoir $11
perdu cette couftume, qui eftoit généralement obferuée au temps |t,I
paifé,quafi en toutes les nations,& eft encores en plufieurs,de felauer oo
le corps tous les iours: ôc ne puis pas imaginer que nous nevaillions me
beaucoup moins de tenir ainfi nos membres encrouftez, ôc nos pores |i;
eftouper de craffe. Et quant à leur boiffon, la fortune a fait première- ^
ment, qu'elle ne foit aucunement ennemie de mon gouft : fécondement
elle eft naturelle ôc fimple, qui au moins n'eft pas dangereufe, fi ij
elle eft vaine.Dequoy ie prens pour refpondant,cette infinité de peu- ^
pies de toutes fortes de complexions,qui s'y affemble. Et encores que
ie n'y aye apperceu aucun effet extraordinaire ôc miraculeux, ains que ^
m'en informant vn peu plus curieufemét qu'il ne fe fait, i'ay e trouue
mal fondez ôc faux, tous les bruits de telles opérations, qui fe fement
en ces lieux-là,& qui s'y croyent ( comme le Monde va fe pipant aifé- ^
ment de ce qu'il defire,) Toutefois aufll, n'ay-ie veu guère de personnes
que ces eaux aycntempirées;& ne leur peut- on fans malice refu- ^
fer cela, qu'elles n'efueillen t l'appétit, facilitent la digeftion, ôc nous
preftent quelque nouuelle allegreffe, fi on n'y va par trop abattu de
forces, ce que ie defconfeille de faire. Elles ne font pas pour releuer f
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vne poilante ruine : elles peuuent appuyer vne inclination légère, ou
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prouuoir à la menace de quelque altération. Qui n'y apporteaffez
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d allegrelie,pourpouuoiriouir du plaiiirdescopagnies
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uent, ôc des promenades ôc exercices, à quoy nous conuie la beauté l IC
des lieuxjou font communément afïifcs ces eaux,il perd fans doute la ^
meilleure pièce ôc plus affeurée de leur effet. A cette caufe i'ay choifi C"
iufques à cette heure, à m'arrefter ôc à me feruir de celles où il y auoit *
Bainsaccopagnesi plus d'ameenité de lieu, commodité de logis,deviures&de compa- ilc
de belle amœmté. gnies, comme font en France, les bains de Banieres : en la frontière J 1
d'Allemaigne& de Lorraine,ceux de Plombieresxn Souyffc,ceuxde ^ l
Bade:enlaTofcane,ceuxdeLucques:&fpecialement ceuxdcllaVilla, ^
defquels i'ay vfé plus fouuent, ôc à diuerfes faifons. Chaque nation a ^
des opinions particulières, touchantleur vfage, ôc des loix ôc formes ' or
de s'en feruir, toutes diuerfes : ôc félon mon expérience l'effet quafi ^
vfage des bains pareil. Le boire n'eft aucunement receu en Allemaigne. Pour toutes ^
dmers^ & panku- maladies, ils fe baignent, ôc font à grenouiller dans l'eau, quafi d'vn to
km* chaque na- foleQ à l'autre. En Italie,quandils boiuet neufiours,ils s'en baignent
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pour le moins trente j ôc communément boiuent l'eau mixtionnée
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