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LIVRE PREMIER. \^
Noftre mal nous tient en lame : or elle ne fe peut efchapperà elle- L'ame rend nojlre
mefme: • hien& nofiremal.
In culpA eft animnè 3 ûui Ce non effuvii vnàuârn* Biafmons en noftre et
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, J a prit qui tient toufîoius
Ainfi il la faut ramener & retirer en ioy : C'eft la vrayefolitude, & Horat.i.i.i.pji.
qui fe peut ioiiir au milieu des villes Se des Cours des Roys, mais elle Solitude "\raye t
feioùit plus commodément a part. Or puis que nous entreprenons
de viure feuls, &de nous paffer de compagnie 3 faifons que noftre
contentement dépende de nous : Deprenons-nous de toutes les liai^
fons qui nous attachent à autruy : Gaignons fur nous, de pôu-
quelle.
uoir à bon efeient viure feùls , Se y viure à noftre aife. Stilpon
eftant efchappé de l'embrafement de fa ville, où il auoit perdu
femme,enfans Se cheuanec, Dernetrius Poliorcetes, le voyant en vne
ii grande ruine de fa patrie, le vifage non effray é,luy demanda s'il n'a-
uoit pas eu du dommage; il refpondit que non,& qu'il n'y auoit Dieu ^ on
mercy rien perdu du fien. C'eft ce que le Philofophe Antifthenes di- '
foit plaifamment,Que l'homme fc deuoit pouruoir de munitions qui
flottaffent fur l'eau, Se peuffent à nage auec luy efchapper du naufrage.
Certes l'homme d'entendement n'a rien perdu, s'il a foy-mefme.
Quand la ville de Noie fut ruinée par les Barbares , Paulinus qui en
eftoit Euefque, y ayant tout perdu, Se reftant leur prifonnier ,prioit
ainfi Dieu : Seigneur garde-moy de fentir cette perte : car tu fçais
qu'ils n'ont encore rien touché de ce qui eft à moy. Les richeiïes qui
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lefaifoient riche,& les biens qui le faifoientbon, eftoientencore * e
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cn leur entier. Voila que c eft de bien choilir les threiors qui iepuif- chirde toute mime,
fent affranchir de l'iniure : Se de les cacher en lieu,où perfonne n'aille,
Se lequel ne puiffe eftre trahi que par nous-mefmes. Il faut auoir
femmes, enfans, biens, Se fur tout de la fanté, quipeut > mais non pas
s'y attacher en manière que noftre heur en defpende. Il fc fautrefer-*,
uer vne arrière boutique, toute noftre, toute franche, en laquelle
nous eftablifliôs noftre vraye liberté Se principale retraicte Se folitudc.
Enectte-cy faut-il prendre noftre ordinaire entretien, de nous
a. nous-mefmes, & fi priué, que nulle accointance ou communication
de chofe eftrangere n'y trouue place : y difeourir Se y rire, comme
fans femme, fans enfans, & fans biens, fans train, Se fans valets:
afin que quand l'occafionaduiendra de leur perte j Une nous foit pas
nouueau de nous en paifer. Nous auons vne ame contournableen contcumable
foy-mefme:elle fe peut faire compagnie, elle a dequoy affaillir Se de- en foy-mefme.
quoy défendre, dequoy receuoir , & dequoy donner : ne craignons
pas en cette folitude, nous croupir d'oifiueté ennuy eui e,
Infilis fis nbi turU lacis. a ^ J ^ l ^
La vertu fe contente de foy : fans difeiplinè, fans paioles, fans efFects. «nefine.ri* -vei r^*.
En nos actions accouftumées, de mille il n'en eft pas vne qui nous re- Vertu contente iel~
garde. Celuy que tu vois grimpant contremont les ruines de ce mur, k- mt
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Furieux Se hors de foy, en bute de tant de harquebuzades : Se cet autre
tout cicatrice, tranfi Se pafle de faim, délibéré de creucr pluftoft
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