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LIVRE PREMIER. m
cflrangcres à démener parmy, fuffifantcs à rompre le fil & troubler le
cours ci vne viue affectiô : là ou en l'amitié,il n'y a affaire ny commerce
que d'elle-mefme. Ioint qu'à dire vray, la fuffifance ordinaire des Femmes incdpabki
femmes, n'eft pas pour refpondre à cette conférence & communica- d'-\nc parfaite amition,
nourriffe de cette fainetc coufture : ny leur ame ne femble aifez r
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ferme pour fouftenirl'cftremted'vn nœud fi preffé,& fi durable. Et
certes fans cela, s'il fe pouuoit dreffervnc telle accointance libre &
volontaire, où non feulement lésâmes euffent cette entière iouïffance,
mais encores où les corps euffent parc à l'alliance,où l'homme fuft
engagé tout entier ; il eft certain que l'amitié en feroit plus pleine & ^Amour/e terni*
plus comble: mais ce fexcparnul exemple n'y eftcncorepû arriucr,& nam en amitié,
parles cfcoles anciennes en eft reietté. Et cette autre licence Grecque
eft iuftement abhorrée par nos meeurs. Laquelle pourtât, pour auoir
félon leur vfage,vne fi neceffairc difparité d'âges, & différence d'offices
entre les amans,ne refpondoit non plus affez à la parfaite vnion Se
eonuenance qu'icy nous demandons. Quis eflenimifleamoramicitiaf cur QHSI eft cet amour
neqfft deformem adolejeentem cjuifçjuam amat, neque formofum fenem f Car la p/rfonne n'ayinTii°yn
peinture mefme qu'en fait l'Académie ne me defaduoiierapas, com- vntemSvA*c!ï
me ie penfe, de direainfi de fà part : Que cette première fureur, infpi- Thu/c^j.^.
rée par le fils de Venus au cœur de l'amant, fur l'objet de la fleur d'vne
tendre icuneffe, à laquelle ils permettent tous les mfolens & paflionnez
efforts, que peut produire vne ardeur immodérée -, eftoit fimplcjnent
fondée en vne beauté externe: fauffe image de la génération
corporelle : Car elle ne fe pouuoit fonder en l'efprit, duquel la monftre
eftoit encore cachée: qui n'eft oit qu'en fanaiffance,& auant l'âge -
de germer. Que fi cette fureur faififfoit vn bas courage,lcs moyens de
fa pourfuitc c'eftoientricheifes,prefens,faueurà l'auancementdes
dignitez : &c telle autre baffe marchandife, qu'ils reprouuent. Si elle
tomboit en vn courage plus généreux, les entremifes eftoient genereufes
de mcfmes : Inftru£tions Philofophiqucs, enfeignemens àreucrer
la Religion, obeïr aux Loix, mourir pour le bien de fon pais:
exemple de vaillance,prudence,iufticc. S'eftudiant l'amant de fe rendre
acceptable parla bonne grâce & beauté de fon ame, celle de fon
corps eftant fanée : &c efperant par cette focieté mentale, cftablir vn
tnarchc plus ferme & durable. Quand cette pourfuite arriuoit à l'effet,
en fa faifon (car ce qu'ils ne requièrent point en l'amant, qu'ilapportaft
loifir &; diferction en fon entreprife ; ils le requièrent exactement
en l'aimé : dautant qu'il luy falloir iugcrd'vnc beauté interne,
de difficile cognoiffance, Ôc abftrufe defcouuerte ) lors naiffoit en l'aimé
lcdefird'vnc conception fpi rituelle, par l'entremife d'vne fpirituellc
beauté. Cctte-cy eftoit icy principale : la corporelle, accidentalc
& féconde : tout le rebours de l'amant. A cette caufe préfèrent- préférable
a l a m n t
ils l'aime: & ver ificnt,que les Dieux aujfi le préfèrent: & tancent gran- *
dément le Poète ^£fchylus >d'auoir en l'amour d'Achilles &dcPa-
U'ochus, donné lapart é c l'amant à Achiiles,qui eftoit en la première
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