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irC ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
en laquelle ie fuis né. Et pourtant me remettant toufiours à l'autho-
\ rite de leur cenfure, qui peut tout fur moy, ie me méfie ainfi témérairement
à toute forte de propos : comme icy. le ne fçay fi ie me
trompe : mais puis que par vne faueur particulière de la bonté diui-
Patenoftre diclée ne, certaine façon de prière nous a efté preferipte & dictée mot à mot
par la bouche de par la bouche de Dieu, il m'a toufiours femblé que nous en deuions
Dieu,&la recom- a u o u- lvfage plus ordinaire, que nous n'auons : Et fi l'en eftoy creu,
mandauon Scelle, x & v ftffa d e n Q S t a b l e s ^ a n o f t r c l c u c r & COUcher, & à toutes
actions particulières, aufquclles on a accouftumé de méfier des
prières, ie voudroy que ce fuit le patenoftrejque les Chreftiens y
cmployaffent, fînon feulement, au moins toufiours. L'Eglife peut
eftendre tk diuerfifier les prières félon le befoin de noftre inftruction
: car ie fçay bien que c'eft toufiours mefme fubftance, & mefme
chofe: Mais ondcuoit donner à celle-là cepriuiîege,quclc peuple
. l'euft continuellement en la bouche : car il eft certain qu'elle dit tout
ce qu'il faut, Se qu'elle eft très-propre à toutes occafions. C'eft l'vnique
prière dequoyie me fers par tout, &la répète au lieu d'en changer.D'où
il aduient,que ie n'en ay aufîi bien en mémoire que Cette-là.
I'auoy prefentement en lapenfée,d'où nous venoiteett'erreur,de
Dieu appelle indif- recourir à Dieu en tous nos deffeins Se entreprifes, Se l'appeller à touferemment
en tous tefortede befoin, & en quelque lieu que noftre foibleffc veut de1 ainos
deffeins &> en- ^ ç^ ns c o nf l c[ e r e r fî l'occafion eft iufte ou iniufte, Se d'inuoquer fon
trepnleSj pour* B r • rr t n o n - r
quoy. nom Se iapuillance, en quelque eltat &action que nous loyons, pour
vitieufe qu'elle foit. Il eft bien noftre feul Se vnique protecteur, Se
peut toutes chofes à nous aider : mais encore qu'il daigne nous honorer
de cette douce alliance paternelle , il eft pourtant autant iufte
comme il eft bon, & comme il eft puifTant : Se fi vfc bien plus fouuent
defaiuftice,quc defonpouuoir, Se nousfauorife félon la rail on d'icelle,non
félon nos demandes. Platon en fes loix fait trois fortes
Créance iniwieufe d'iniurieufe créance des Dieux, Qu.il n'y en ait point, Qu'ils ne fe
des Dieux de trots m cf] c n t p as de nos affaires, Qu'ils ne réfutent rien à nos vceux,offran-
forte s j en Platon. i a r • r T • r i r j • t
J
des Se iaennees. La première erreur, ielon Ion aduis, ne dura ïamais
immuable en homme, depuis fon enfance, iufques à fa vieillcffe. Les
deux fuiuantes peuuent fouffrir de la confiance. Sa iuftice Se fa puiffance
font infeparables : Pour néant implorons-nous fa force en vne
L'ame doit eftre mauuaife caufe: Il faut auoir l'ame nette,au moins en ce moment
nette quand elle prie auquel nous le prions, Se defehargée de pallions vicieufes : autrement
nous luy prefentons nous-mefmes les verges dequoy nous
chaftier. Au lieu de rabillcr noftre faute,nous la redoublons ; prefentans
à celuy à qui nous auons à demander pardon, vne affection pleine
d'irreuerence & de haine. Voila pourquoy ie ne loué pasvolon-
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cicrs c e u x u e i c v o
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"ôrSLln.dS! 4 y P E)ieu plus fouuent Se plus ordinairement,
tere nodurne m tc voi. fi les actions voifines de la prière, ne me tefmois nent quelque amenks
le front d vn capu- , X
chon san