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SM ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
leufnes d'Epicurus, meEpicurus ieufnoit&faifoit des repas maigres, pour accouflumer
çjrlcurfin. ^ a v o} Up t£ a [ c paffer de l'abondance : moy au rebours, pour dreffer
ma volupté à faire mieux fon profit ,&fe feruir plus alaigrement de
l'abondance: ou ieieufnois pour conferuer ma vigueur au fermée de
quelque action de corps ou d'efprit : car tk l'vn tk l'autre s'appareffe
cruellement en moy, par la repletion {tk fur tout, ie hay ce fot accouplage,
d'vne Deeffe h faine tk fialaigre, auec ce petit Dieu indigeft tk
roteur, tout bouffy de la fumée de fa liqueur) ou pour guarir mon
eftomach malade,, ou pour eftre fans compagnie propre. Carie dis
comme ce mefme Epicurus, qu'il ne faut pas tant regarder ce qu'on
mange,qu'auec qui on mange. Et loiie Chiion, de n'auoir voulu promettre
de fe trouuer au feftin de Periander ^ auant que d'eftre infor-
Conwue s confiera- m/ • eft; 0i ent l c s a u t r c s c o n ui e z. Il n'eft point de fi doux appreft
blet & a choilir,
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' pour moy, ny de laulle il appetiilante, que celle qui 1 e tire de laiocieté.Ie
croy qu'il eft plus fain,de manger plus bellement & moins,& de
manger plus fouuent. Mais ie veux faire valoir l'appétit & la faim : ie
n'aurois nul plaifir à traitter à la medicinale,trois ou quatre chetifs repas
par iour, ainfi contraints. Qui m'affeureroit que le gouft ouuert
que i'ay ce matin, ie trouuaffe encore àfoupper ? Prenons fur tout les
vieillards, le premier temps opportun qui nous vient. Laiffonsaux
faifeursd'Almanachslesefperances& lesprognoftiques. L'extrême
frui(5tdemafanté,c'eftlavolupté : tenons-nous à la premièreprefente&cognue.I'euite
la confiance ences loix de ieufne. Qui veut
qu'vne forme luy férue, fuye à la continuer: nous nous y durciffons,
nos forces s'y endorment : fix mois après, vous y aurez fi bien acoquiné
voftre eftomach, que voftre profit, ce ne fera que d'auoir perdu la
liberté d'en vfer autrement fans dommage. le ne porte les iambes, Se
lescuiffes, non plus couuertes en hyuer qu'en efté, vn bas de foye
tout fimple: le me fuis laiffe aller pour le fecoursde mes rheumes, à
tenir la tefte plus chaude,& le ventre, pour ma colique : Mes maux s'y
habituèrent en peu de iours,&defdaignerent mes ordinaires prouifions.I'eftois
monté d'vne coëffeàvncouure-chef., &d'vn bonnet à
' vn chapeau double.Les embourreures de mon pourpoint, ne me feruét
plus que de galbe : ce n'eft rie,fi ie n'y adioufte vne peau de heure,
ou de vautour: vne calotte à ma tefte. Siuuez cette gradation , vous
irez beau train, le n'en feray rien. Et me dedirois volontiers du commencement
que l'y ay donné,fii'ofois. Tombez-vous en quelque inconuenient
nouueau J cette reformation ne vous fert plus : vousy
eftesaccouftumé, cherchez-en vne autre: Ainfi fe ruinent ceux qui
fe laiffent empeftrer à des régimes contraints, &s'yaftreigncntfuperftitieufetnent:illeuren
faut encore & encore après, d'autres au
delà: ce n'eft iamais fait. Pour nos occupations tk le plaifir , il eft
Le difner metyrije beaucoup plus commode, comme faifoientfes anciens, deperdre le
parles anciens. difner, & remettre à faire bonne chère à l'heure de la retraite & du
repos., fans romprele iour: ainfi faifois-ieautresfois. Pour la fanté, ie