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r - Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

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7i4 ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,<br />

Scwcte'£ime place, Dauantage, ce n'eft pas bien procédé, de recognoiftre feulement le<br />

à quoy ferecognoijl. flanc & le foffé : pour iuger de lafeureté d'vne place, il faut voir, par<br />

où on y peut venir, en quel eftat eft l'affaillant. Peu de vaifleaux fondent<br />

de leurproprepoids,&fansviolenceeftrangere. Or tournons<br />

Ejlats les plat les yeux par tout, tout cvoulle autour de nous : En tous les grands<br />

grands, menace^ Eftats, foit de Chreftienté, foit d'ailleurs, que nous cognoilfons,rede<br />

changement. gardez-y, vous y trouucrcz vne euidente menace dc changement &<br />

de ruine:<br />

Elles ont auffi leurs Et fua funt ill'ts incommoda,p'arqueper omnes<br />

inconucniens : la tour- r,<br />

meute rft cigale par 1 EMPEJTOS<br />

tout. JENTIII.<br />

<strong>Les</strong> Aftrologues ont beau ieu,à nous aduertir,comme ils font,de<br />

grandesalterations,&mutations prochaines : leurs deuinations font<br />

prefentes Se palpables, il ne faut pas aller au Ciel pour cela. Nous n'auonspas<br />

feulement à tirer confolation de cette focieté vniuerfelle de<br />

mal & de menace: mais encores quelque efperance, pour la durée de<br />

noftre Eftat: dautant que naturellement, rien ne tombe,làoùtout<br />

tombe: La maladie vniuerfelle eft la fanté particulière : La conformité,<br />

eft qualité ennemie à la diilolu tion. Pour moy, ie n'en entre point<br />

au dcfefpoir, Se me femble y voir des routes à nous fauuer :<br />

Dieu par quelque be- I r . ff J<br />

n.g„e vic.ku.fc, re- Dcus bacfurtajje benigna,<br />

mettra peut - eftre les ReducCt j» fèdem VLCC<br />

choies en eftat. Herat.<br />

v<br />

J ^<br />

iH-'t- Qui fçait, li Dieu voudra qu'il en aduienne ; comme des corps qui fe<br />

Maladies longues purgent ,& remettent en meilleur eftat, par longues&griefucsma-<br />

&grtefues, remet- } a cj l c s. l cfq Uclles leur rendent vne fanté plus entière & plus nctte,que<br />

tent Us corps en c e l l > clles i c u r a u oi c nt oftéc? Ce qui me poife le plus, c'eft qu'à<br />

compter les ly mptomes de noitre mai, i en vois au tant de naturels, Se<br />

de ceux que le Ciel nous enuoy e,& proprement fiens,quedeceux<br />

que noftre dcfreglement, & l'imprudence humaine y confèrent. Il<br />

femble que les aftres mefmes ordonnent, que nous auons alfez duré,<br />

& outre les termes ordinaires. Et cecy aufti me poife, que le plus voifm<br />

mal qui nous menace, ce n'eft pas altération en la malfe entière Se<br />

folide, mais fa dilTipation Se diuulfion: l'extrême de nos craintes.<br />

Encores en ces refualferies icy, crains-ie la trahifon de ma mémoire,<br />

que par inaduertance elle m'ayefait enregiftrer vne chofe deux fois,<br />

le hay à me recognoiftre : & ne retafte iamais qu'enuis cequi m'eft<br />

vne fois efchapé.Or ie n'apporte icy ricndcnouuelapprentiifage. Ce<br />

font imaginations communes: les ayant à l'auan turc conceiiescent<br />

Redite ennuyeufe fois, i'ay peur de les auoir défia cnrollées. La redite eft par tout enpar<br />

tout. nuyeufe, fut-ce dans Homère : Mais elle eft ruineufe, aux chofes qui<br />

n'ontqu'vne montre fuperficielle Se palfagere. le me defplais de finculcation,voire<br />

aux chofes vtiles, co me en Sencque. Et l'vfage de fon<br />

efcoleStoïquemedéplaift, de redire fur chaque matiere,toutau long<br />

Se aularge,les principes &prefuppofitions qui feruenten gênerai: Se<br />

realleguer toufiours de nouueauîesargumens&raifons communes<br />

Se vniuerfelles. Ma mémoire s'empire cruellement tous les iours.

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