r - Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

LIVRE PREMIER? i o j
autre toute fienne: non plus flottante & roulante Ellefçait eftre riche
& puiffante, &fçauante, & coucher en des matelats milfquez.
Elle aime la vie, elleaimelabeauté, la gloire Sdafanté. Mais Ton of- bffce propre &
r u
^r de U
fice propre ôc particulier, C'eft fçauoir vfer de ces biens-là réglée- t*
ment, ôc les fçauoir perdre conftamment : office bien plus noble *****
qu 'afpre, Tans lequel tout cours dévie eft defnaturé, turbulent ôc difforme
:&: y peut^dniuftement attacher ces efcueils,ceshaliers,&ces
monftres. Si ce difciplcfe rencontre de 11 diuerfe condition, qu il aime
mieux ouyr vne fable, quelanarrationd'vn beau voyage , ouvn
fage propos, quand il l'entendra : qui au fon dutabourin,quiarme
la ieune ardeur de fes compagnons, fe deftourneàvn autre qui l'appelle
au ieu des bafteleurs : qui par fouhait ne trouue plus plaifant où »
plus doux, de reuenir poudreux ôc victorieux d'vn combat, que de
lapaulme ou du bal, auec le prix de CET exercice: le n'y trouue autre
remède, {ine*n qu'on le mette patilfier dans quelque bonne ville,
fuft-il fils d'vn Duc : fuiuant le précepte de Platon ; qu'il faut colloquer
les enfans,non félon les facultez de leurs pères, mais félon les facultez
de leur ame. Puis que la Philofophie eft celle qui nous in- Philofophie dot
e
ftruit à viure,ôc que l'enfance a fa leçon comme les autres aages,pour- fi r
f commun 1
quoy ne la luy communique l'on ? a
1 m
f mce
-
Vium éî molle fatum eflnunc nunc properandus. &acri LUrgiLeft fo« Pi.&
T,. I F R * * molc:c eitmainun? t>
F invendu* JinC fine rota. maintenir, qu'il fe faut
On nous apprend à viure,quâd la vie eft palfée.Centefcoliers ont ptis f FOIS Sia^X
la verolle, auant que d'eftre arriuez à leur leçon d'Ariftote de la tem- ^f 1
perance.
Cicero difoit, que quand il viuroit la vie de deux hommes,
il ne prendrait pas leîoiilr d'eftudier lesjPoëteS Lyriques.Et ie trouue Poètes Lyrique*
ces ergotiftes plus triftement encorcs inutiles.Noftre enfant eft bien
plus prelTeril ne doit au paidagogifme que les premiers quinze ou feize
ans de fa vie:le demeurant eft deu à l'action. Employons vn temps
ficourtaux inftructions neceffaires. Ce font abus, oftez toutes ces , cir
î • i • r • r i i -r-k • i n • i n r Dialectique inutile
lubtilitezeipineules de la Dialectique, dequoy noltre vie ne iepeut ^ l amendement dé
amender, prenez les (impies difeours de la Philofophie, fçachez-les liie.
choilîr ôc traitter à poinct j ils font plus aifez à conceuoir qu'vn conte
de Boccace. Vn enfant en eft capable au partir de la n ourrice, beaucoup
mieux que d'appredre à lire ou eferire. La Philofophie a des difeours
pour la naiffancedeshommeSjComme pour la décrépitude. Id
fuisdel'aduisdePlutarque, qu Ariftôte n'amufa pas tant ion grand inflruttion d'A'e-
difciple à l'artifice de compofer fyllogifmes, ou aux principes de ^dre par Anf
Géométrie, comme à l'inftruire des bons preceptes,touchant la vail- •* e
*
lance, proiïeffe, magnanimité,temperance,&i'affeurance de ne rien
craindre: & auec cette munition, il Penuoya encore enfant fubiuguer
l'Empire du monde à tout 30000. hommes depied, 4000. cheuaux,
ôc quarente deux mille efeus feulement. Les autres Arts ôc
Sciences, dit-il, Alexandre les honoroit bien, ôc loiioit leur excellence
ôc gentilleife : mais pour plaifir qu'il y prift, il n'eftoit pas faî
iiij
f ne