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LIVRE PREMIER. a 7
de ces bannis venoit par cas d'auenture à montrer en croiflant quelque
bonne efperance de foy, qu'on le puiife rappeller, ôc exiler aufll
celuy d'entre les retenus, qui montrera peudefperançedefonadolefcence.
l'en voy qui eftudient ôc glofent leurs Almanachs, & nous
en allèguent l'authorité aux chofes qui fe paflent. A tant dire, il faut
qu'ils dient & la vérité, & le menfonge. Quis eflenim^ni totum diem Qui eft-ce qui tirant
iamlan^nonaliquandoconlmeetflcnclcsci^imcàcncnmicux, pour les au
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r ne renfilera parfois?
voir tomber en quelque rencontre. Celeroitplusde certitude, s'il y aai-cum
auoit règle ôc vérité à mentir toufiours. Ioint que perfonne ne tient
regiftrede leurs mefcontes,dautant qu'ils font ordinaires&infinis:
Ôc fait-on valoir leurs diuinations de ce qu'elles font rares, incroya­
ai».
bles, ôc prodigieufes ? Ainfi refpondit Diagoras, qui fut furruommé /
m p i t ti de Di*pr*
l'Athée, eftantenlaSamochrace,à celuy quiluy montroit auTempie
force vœux ôc tableaux de ceux qui auoient efchapé le naufrage,
luy difant: Et bien, vous qui penfezque les Dieux mettent à nonchaloir
les chofes humaines, que dites-vous de tant d'hommes fauuez
parleur grâce? Il fe fait ainfi, refpondit-il : ceux-là rie font pas
peints qui font demeurez noyez, en bien plus grand nombre. Cicerodit,
que le feul Xenophanes Colophonien entre tous lesPhilofophes,
qui ont aduoiié les Dieux, a eflay é de defraciner toute forte
de diuination. D'autant eft-il moins de merucille , fi nous auons
veu par fois à leur dommage, aucunes, de nos ames principefques
s'arrefterà cesvanitez. le voudrois bien auoir reconnu de mes y eux
furwmmtlAtbtc.
ces deux merueilles, du liure de Ioachim Abbé Calabrois, qui predifoit
tous les Papes futurs, leurs noms ôc formes: ôc celuy de Léon
l'Empereur, qui predifoit les Empereurs ôc Patriarches de Grèce. Cecy
ay-ie reconnu de mes yeux, qu'es confufions publiques, les hommes
eftonnez de leur fortune, fe vont re jettant, comme à toute fuperftition,à
rechercher au Ciel les caufes ôc menaces anciennes de
leur malheur : ôc y font fi eftrangcmcnt heureux de morï temps,qu'ils
m'ont perfuadé,qu'ainfi que c'eft vn amufement d'efprits aigus ôc
oififs ; ceux qui font duits à cette fubtilité de les replier &: defnoiier,
feroient en tous eferits capables detrouuer tout ce qu'ils y demandent.
Maisfurtout leur prefte beau ieu, le parler obfcur, ambigu ôc
fantaftique duiargon prophétique,auquel leurs autheurs ne donnent
aucun fens clair, afin que la pofteritéy en puifle appliquer de
Biuinatkns mtr-
tel qu'il luy plaira. LedemondeSocrates eftoit à l'aduanture certai- Démon dt Sscratrt,
ne impulfion de volonté, qui fe prefentoit à luy fans le confeil de 1 Htl
fon difeours. En vne ame bien efpur ée, comme la fienne, ^préparée
par continu exercice de fageife&devertu,ileftvray-femblableque
ces inclinations, quoy que téméraires ôc indigeftes, eftoient toujours
importantes, ôc dignes d'eftre luiuies. Chacun fent en foy quelque
image de telles agitations d'vne opinion prompte, véhémente ôc
fortuite. C'eft à moy de leur donner quelque authorité,qui en donne
fipeu à noftre prudence. Et en ay eu de pareillemétfoiblesenraifon,
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