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r - Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

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548 ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,<br />

De trois bonnes femmes.<br />

CHAPITRE XXXV.<br />

Yrayeprcuutdim ^^SjS L n'en eftpasàdouzaines, comme chacunfçait;&rio-<br />

a m m e n t a u x<br />

deuoirs de mariage : car c'eft vn marché<br />

ion mariage. ¥jjMî t<br />

muraillcsjpour faire bonne mine,forrirent en telle furie,fur les allie- ^<br />

geans,qu'ayans enfoncé le premier, le fécond, ôc tiers corpsdegar- 1<br />

de, & le quatriefme, Ôc puis le refte, Ôc ayans fait du tout abandonner ,C<br />

lestrenchéesjilsleschaifcrentiufques dans les nauires : ôc O&auius*<br />

mefmes fe fauuaà Dyrrachium, où eftoit Pompeius. le n'ay point * C<br />

mémoire pour cette heure, d'auoir veu aucun autre exemple, où les ^<br />

afTiegez battent en gros les afliegeans, ôc gaignent la maiftrife de ^<br />

la campagne : ny qu'vne fortie ait tiré en conlequence, vne pure ic ^<br />

entière victoire de bataille. , ,•<br />

NIFGFFL fS| pleinde tant d'efpineufescirconftances, qu'il eft malaifé (U<<br />

îjjp^s^^ que la volonté d'vne femme s'y maintiéne entière long- f<br />

temps. <strong>Les</strong> hommes,quoy qu'ils y foient auec yn peu meilleure con- t|C<br />

dition ,y ont trop affaire. La touche d'vn bon mariage, &c fa vrays f<br />

preuuc, regarde le temps que la focietédure, fi elle a efté conftam- ' c<br />

ment douce, loyale & commode. En noftre fiecle, elles referuent<br />

plus communément, à eftaller leurs bons offices, & la véhémence n<br />

^ijfettion desfem- j c i e u r afFecl;ion, enuers leurs maris perdus : Cherchent au moins<br />

mesenuers eursma- j adonner tefmoignage de leur bonne volonté. Tardif tefmoi- 1<br />

rts, mal rejernee i /*-r 1-11 t n n» • M A.<br />

après leur mort. g° a<br />

g c<br />

n o r s<br />

> & de iaiion. Elles preuuent plultoitjpar la , qu elles "<br />

ne les aiment que morts. La vie eft pleine decombuftion,le trefpas<br />

d'amour ôc de courtoifie. Comme les pères cachent l'affection ^<br />

enuers leurs enfans, elles volontiers de mefmes, cachent la leur ^<br />

enuers le mary, pour maintenir vn honnefte refped. Ce myfterc w<br />

n'eft pas de mon gouft : Elles* ont beau s'efcheueler ôc s'efgrati- «R<br />

gner ; ie m'en vois à l'oreille d'vne femme de chambre, ôc d'vn fe- f<br />

cretaire:commenteftoient-ils? comment ont-ils vefeu enfemble? èp<br />

il me fouuient toufiours de ce bon mot, iac~lpntins mœrent 3cjnœ minus u<br />

dolent. Leur rechigner eft odieux aux viuans , ôc vain aux morts : i&,<br />

Nous difpenferons volontiers qu'on rie après ) pourueu qu'on nous en<br />

rie pendant la vie. Eft-ce pas dequoy refufeiter dcdefpit ; qui m'aura<br />

craché au nez pendant cjue i'eftois, me vienne frotterles piedt,<br />

quandienefuisplus? S'il y a quelque honneur àpleurer les maris, il<br />

n'appartient qu'à celles qui leur ont ry : celles qui ont pleuré en la vie, j,<br />

qu'elles-rient en la mort, au dehors comme au dedans. Auffi, nerc-i1!r gardez pas à ces yeux moites, ôc à cette piteufe voix : regardez ce porr,^<br />

ce teincî:, &l'embonpoin£tdecesioiïes, fous ces grands voiles : c'eft ^<br />

par là qu'elle parle François. Il en eft peu, de qui la fanté n'aille en<br />

lin<br />

île<br />

' !

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