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LIVRE PREMIER. lSj
{? efpandu d'hiftoires, qui ne difenc mot, lefquelles qui voudra efplu- Hlftoins etyanLés
J cher vn peu plus curieufement, en produira infinis Effais ? Ny elles> ^cctxmre^uelles.
ig ny mes allégations, ne feruènt pas toufiours fimplement d'exemple;
d'authorité ou d'ornement. le ne les regarde pas feulement par l'vfa-
TJ ge que i'en tire. Elles portent fouuent,hors de rrton propos,la femen-
J ce d'vne matière plus riche & plus hardie : & fouuent à gauche,vn ton
i ? plus deliCat, & pour moy, qui n'en veux en ce lieu exprimer dauantage,
& pour ceux qui rencontreront mon air. Retournant à la vertu
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parliere, ie ne trouue pas grand choix, entre ne fçauoir dire que mal,
P ou ne fçauoir rien que bien dire. Non eft ornamentum 'virile concinnitas. ^^n!Uu? p
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^ Les Sages difenc que pour le regard du fçauoir, il n'eft que la Philo-
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fophie, & pour le regard des effets,que la vertu, qui generalemét foit
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J propre à tous degrez, & à tous ordres. Il y a quelque chofe de pareil
en ces autres deux Philofophes : car ils promettent auffi éternité aux
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lettres qu'ils efcriuent à Leurs amis. Mais c'eft d'autre façon, & s'accommodans
pour vne bonne fin,à la vanité d'autruy :Car ils leur mâdent
que fi le foin de fe faire cognoiftre aux ficelés aduenir, & de la renommée,
les afrefte encore au maniement des affaires, & leur fait .
craindre la folitude Se la retraite 3 ou ils les veulent appellerj
qu'ils ne s'en donnent plus de peine :dau tant qu'ils ont affezde crédit
auec la pofterité , pour leur refpondre, que quand ce ne feroit que
parles lettres qu'ils leur efcriuent, ils rendront leur nom auffi cos
pi g« u & furieux que pourroient faire leurs actions publiques. Et outre ^ttreide ckenn
;
ÛJ cette différence j encore ne font-ce pas lettres vuides & defeharnées, ^ * epuHe
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• & quinefe fouftiennent que par vn délicat choix de mots,entaffez &
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lt rangez à vne iufte cadcnce,ains farcies èz pleines de beaux difeours de
*h fapience,parlefquellesonferendnonpluseloquent, mais plusfage
ha & qui nous apprennent non à bien dire, mais à bien faire. Fy de l'eloldfl
quence qui nous lahîe enuie de foy, non des chofes : Sicen'eftqu'ori
leii die que celle de Cicero,eftant en fi extrême perfection, fe done corps
VJI elle mefme. Iadioufteray encore vn conte que nous lifons de luy ,à ce
tor propos,pour nous faire toucher au doigt fon naturel. Il auoitàorer ^j°P ence
en public, &eltoit vn peu prefle du temps, pour le préparer a Ion ai-
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juif fe : Eros, l'vn de fes ferfs, le vint aduertir que l'audience eftoit remife
lit aulendemain : il en fu t fi aife, qu'illuy donna liberté p>our cette bonlè
nenouuelle. Sur ce fujet de lettres, ie veux dire ce mot ; que c'eft vri
Ici ouurage auquel mes amis tiennét,queie puis quelque chofe: Et eufle
ucn pris plus volôtiers cette forme à publier mes verues, fi i'euffetu à qui
ti parler. Il me falloit,commc i'ay eu autrefois, vn certain cô'merce, qui
309 m'attirait,qui me fouftint & fouleuaft.Car de négocier au vcnt,com-
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c d'autres,ie ne fçauroy,qu'enfonge: ny forger de vains noms à en-*
5jit tretenir,en chofe ferieufejennemy iuré de toute efpece defalfificatiô,
p 0) I'eulTcefté plus attentif & plus feur,ayant vne addreffe forte & amie,-
•h que regardât les diuers vifages d'vn pcuple:& fuis deceu,s'il ne m'euft S
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mieux luccede. I ay naturellement vn mie comique & pnue : Mais t m i '
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Montaigne;