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T,i ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
neharquebufade:&euueplu{toftbeulebreuuage de Socrates, que*
de me frapper comme Caton.Et quoy que ce foit vn,fi fent mon imagination
difference,comme de la mort à la vie, à me ietter dans vne
fournaife ardente, ou dans le canal d'vne platteriuiere. Tantfottement
noflre crainte regarde plus au moyen qu'à l'effer. Ce n'efl qu'vn
infiant, mais il efl de tel poids, que ie donnerois volontiers plufieurs
ioursdemâ vie,pourlepaffer à ma mode. Puifque la fantaifie d'vn
chacun trouue du plus ôc du moins, en fon aigreur, puifque chacun a
quelque choix entre les formes de mourir, effayons vn peu plus auant
d'en trouuer quelqu'vne defchargée de toutdelplaifir. Pourroit-on
, , paslarendreencore voluptueufe,comme les commouransd'Anto-
Mort
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*riu,i dejcharo-ce de t. , ^ , T i
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tourplaifir. mus & de Cleopatra? le lauie a part les efforts que la Philoiophie ôc la
Religion produifent,afpres&:exemplaires. Mais entre les hommes
de peu,ils'en eft trouue, comme vnPetronius,&vnTigillinus à Rome,
engagez à fe donner la mort, qui l'ont comme endormiepar la
mollefVe de leurs apprefls. Ils l'ont faite couler &gliiîer parmy la lafchetédc
leurs pafle-tempsaccouflumcz : Entre des garces ôc bons
compagnons, nul propos de confolation, nulle mention de refta-.
ment, nulle affectation ambitieufe de confiance, nul difeours deleur
condition fu ture : parmy les ieux,les feilins, facecies,entretiens communs
ôc populaires,& la mufique,& des vers amoureux. Ne fçaurions
nous imiter cette refolution en plus honnefle contenace ? Puis qu'il y
a des morts bonnes aux fols,bônes aux fages: trouuons-en quifoient
bonnes à ceux d'entre deux. Mon imagination m'en prefente quel-
Mort laifiée aux q u e vif facile, ôc, puis qu'il faut mourir, defirable. Les tyrans Ro-
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choix des criminels 1
par les tyrans Rom
a l n s
penioient donner la vie au criminel, a qui ils donnoientle
mains. choix de fa mort. MaisTheophrafle, Philofophe fi délicat, fi modef
le, fi fage, a-il pas elle forcé par la raifon, d'of er dire ce vers latinifé
par Ciceron:
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" Vttam rent fortuna, non fàpientia.
ce, eu guide de la vie, o J 3
La fortune aide à la facilité du marché de ma vie: l'ayant logée en tel
vie régie par la for- poinct, qu'elle ne fait déformais ny befoingaux miens, ny empeft
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' chement. C'eft vne condition que i'eulfe acceptée en toutes les faifons
de mon aage: mais en cette occafion, de trouffermes bribes, ôc
de plier bagage, ie prens le plus particulièrement plaifir à ne leur apporter
ny plaifir ny defplaifir en mourant. Elle a, d'vne artillecompenfation,fait,
que ceux qui peuuent prétendre quelque matériel
fruictdemamort,enreçoiuent d'ailleursconiointement vne matérielle
perte. La morts'appefantit fouuent en nous, de ce qu'elle poife
aux autres,& nous intereffe de leur interefl,quafi autat que du noflre:
ôc plus ôc tout par fois. En cette commodité de logis que ie cherche,
ie n'y méfie pas la pompe ôc l'amp-litude : ie la hay pluftoft : mais cervn
finir, non planta- taine propreté fimple,qui fe rencotre plus fouuent4auxlieuxoùil y a
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moins d'art,& que nature honore de quelque grâce toute fienne, Non
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