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ï7* ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
des Nations entières qui n'en font nul compte. le laiffe à part les
femmes Souiffèst femmes Lacedemoniennes : mais aux Souïifes parmy nos gens de
pied, quel changement y trouuez-vous ? linon que trottans après
leurs maris,vous leur voyez auiourd'huy porter au col l'enfant,qu'el-
Egppùimescontre- } e s auoient hier au ventre: &ccs ^Egyptiennes contre-faites ramaff
aites
' fées d'entre nous, vont clles-mefmes iaucr les leurs, qui viennent de
naiftre, & prennent leur bain en la plus prochaine riuiere. Outre
tant de garces qui defrobent tous les iours leurs enfans en la gênera-
Femme de Sahinm. tion comme en la conception-, cette belle & noble femme de Sabinus
Patricien Romain, pour l'intercft d'autruy porta feule &c fans
fecours, & fans voix & gemiifcmes, l'enfantement de deux iumeaux.
Vn {impie garçônet de Lacedemonc,ayant defrobé vn renard ( car ils
craignoient encore plus la honte de leur fottife au larrecin, que nous
ne craignons la peine de noftre malice )& l'ayant mis fousfacappei
Douleur patiem- endura pluftoft qu'il luy euft rongé le ventre, que de fe dcfcouurir.
ment endwee au £ t v r L a u t r c ^ donnant de l'encens à vn facrifice, fe laiifa brufler iuffwc
e la nie. ques àl'os, par vn charbon tombé dans fa manche, pour ne troubler
c m v e r c
Enfans fouette^ ^ ft ' Ets'encft veu vn grandnombre pour le feul effay de ver-
t u
iufques à la mort. j fuiuant leur inftitution, qui ont foufixrt en l'âge de fept ans, d'eftre
fouettez iufques à la mort, fans altérer leur vifage. Et Cicero les
n ' u r o k S
v a L c u " a N a - a veus fe battre à troupes -, de poings, de pieds, & de dents, iufques à
t u r e , die eft inuind- s'efuanouïrauant que d'aduoiier eftre vaincus. Nuriquamnaturammos
b i e : m a i s n o u s a u o n s l J
cmpoifbnné noftreiu- qj'mccret^eflenimea femper inuiéta: fednosnjmbris>delitik. otio 3lanzuore,dc-
gcmeut,par lesdclices, _,. . J
Confiance de Sce- ment fon dcifcin, mais adioufta, qu'il y auoit en fon camp vn grand
t,
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' nombre de Romains complices de fon entreprife tels que luy. Et
Tourmensfùppor- pour monftrerquel il eftoit, s'eftant fait apporter vnbrafier,veid&
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& roftir fon bras, iufques à ce que l'ennemy mefme
en ayant horreur, commanda d'ofter le brader. Qupy, celuy qui ne
Quel Gladiateur de daigna interrompre l a l e 6 t u r e d c f o n L i u r e p e n d a n t q u ' o n r i n c i f o i t i
Sΰfcuiraen^emîr" Et celuy qui s'obftina à fe mocquer & à rire à l'enuy des maux qu'on
quefr^ton^e'uk- ^°^> de façon que la cruauté irritée des bourreaux qui le tement
fur pieds, mais noient, & toutes les inuentions des tourmens redoublez les vns fur
tresbuchant, a iamais . 1 . • / •» r • > n • v^i 1 /~ t -v
laiflé recognoifti-e e n les autres^uy donnèrent gaigne?Mais c citoit vnPnilolophe. Quoy?^
cMoS'gifant'par «r- vn gladiateur de Cefar, endura touliours riant qu'on luy fondaft &
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ÏÏyaeo^rn'and" detaillaftfes playcs. Quismediocrkgfadiatoringemuit-f'quisnjultum muta-
cicThuf^ît^''
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la m o i e f l c , i'oyfiuctc, jidia, animum infecimus : opmionibus maloque more aelinitum moliimmus.
ttrnoiwi'auons^co- Chacun fçait l'hiftoire de Sceuola,qui s'eftant coulé dans le camp
- Qjw non modo ftetit^erùmetiamdecubuitturpiter?Quifgùm
Femme Holontai- àecubuiffet 3 ferrum reàpere iuffus,collum contraxit? Mcflons-y les femrement
efeorchée. mes. Qui n'a oùy parler à Paris, de celle qui fe fit efeorcher, pour feu-
Dents i/iues arra- lement en acquérir le teint plus frais d'vne nouuelle peau? Il y en a
che'cs. qui fe font fait arracher des dents viues 8c faines, pour en former la