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;88 ESSAIS PE MICHEL DE MONTAIGNE,
fent communément contre ma profeffion-, que ce que l'appelle fran""(0!s:
chife,fimpleiTe, &naïuetéen mes moeurs,c'eftart Se finefle :&plu-J|oc
ftoft prudence, que bonté : induit rie, que nature : bon fens, que bon- joit,
heur : me font plus d'honneur qu'ils ne m'en oftent. Mais certes ils
font ma fineffe trop fine. Et qui m'aurafuiuy Se efpié de près, ie luy fa
donneray gaigné, s'il ne confeife qu'il n'y a point de règle en leur 0
efcole, qui feeuft rapporrer ce naturel mouuement, 5c maintenir^
vne apparence de libertés de licence, fi pareille 5c inflexible parmy |||
VERITÉIMT&FM- des routtes fi tortues &diuerfes: 5c que toute leur attention Se engin, J
FIE EN FES i/OYES. n £ j £ S y fç a u r oi t conduire. La voy e de la vérité eft vne Se fimple , cel- ^
,., r . le du profit particulier, 5c de la commodité des affaires qu'on acn ,Û
LIBERTÉ^ CONTREFAI- . r , J.. . , . ' C R R
TES, FANS FUCCE^ LE charge, double, inégale, 5c rortuite. 1 ay veu iouucnt en vlage, ces h- ^
PLUS FOUUENT. bertez contrefaites Se artificielles, mais le plus fouuent fans luccez. j e
^i\NED''EFEPV. Ellesfentent volontiers leurafned'Efope: lequel par émulation À\i M l
chien,vint fe ietter tout gayement à deux pieds,fur les efpaulcs de fon ^
„ . . j r . , . maiflre:mais comme le chien receuoit force carelfes de pareille fefte, m
bien * chacun, qui eft iepauurê aine, en receutdeux tois'autant de baftonnades. la max
Celauedfpecialemet . j- i r • • i i r\ i i \W
félon fon humeur & fon - j . , j A . • r r ' v
uient, CIF.OJFIC T.,. quetnqueDECET SQUOD EJTCHMJCJME \UUM maxime. le ne veux pas pnuerla
tromperie de fon rang,ce feroit mal entendre le monde : ic fçay qu'elle
a feruy forment profitablement, & qu'elle maintient 5c nourrit ^
la plufpart des vacations des hommes. Il y a des vices légitimes, corn- M
INFLICE^NIUERFEIÏE. me plufieurs adiôns, ou bonnes, du excufables,illégitimes. Laiufti- ?'
IUFTICERECTALE ce en foy, naturelle & vniuerfelle, eft autrement réglée Se plus noble- ^
NATIONALE. met, que n'eft cette autre iuftice fpeciale,nationale,contraintcau be- ^'
.Nous ne retenons plus foindenos polices : Veriiuris germanique iuftitiœ folidam 1$ expr
Image X^r^^ia* ffigiem nullam tenemus : njmbra imaginibus njtimur. Si que le fage
^«^"quo^ Dandamys, oyant reciter les vies de Socrates, Py thagoras, Diogenes, *
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grands perfonnagçs en tonte autre chofe, mais trop alferuis 11
à lareuerencedesloix:PourlefquellesaucT:oriferôifeconder)lavraye l!tî
vertu a beaucoup à fedefmettre de fa vigueur originelle: &non feu- ^
iement par leur permiftion, plufieurs adions vicieufes ont lieu, mais ^.
- cncoi'es à leur fuafiom Ex Senatufconfultis plebiÇque feitis fcelera ex
Les mefchâctezs'exer
cent\par les arefts du T T 1 1 • r • \ rr
sénat, & pa.-les oïdô- CCMUR. le luy le langage commun, qui tait différence entre les
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' ***' fes vtiles&les honneiles : en forte que d'aucunes actions naturelles, \
non feulement vtiles, mais neceflaires , il les nomme deshonne- ^
ftes&fales. Mais continuons noftre exemple de la trahifon : Deux
pretendans au Royaume de Thrace , eftoient tombez en débat de k
leurs droids: l'Empereur les empefehadeveniraux armes : mais l'vn, b
d'eux,fous couleur de côduire vn accord amiable, par leur entreueuë, i.
ayant afligné fon compagnon j pour le feftoyer en fa maifon, le lit II;
emprifonner Se tuer. La iuftice reqtieroit, que les Romains euifent 15:
raifon de ce forfait :1a difficulté enempefehoit les voyes ordinaires. t lt
TRAHIFON ^TI LE ,PRE- Ce qu'ils ne peurent légitimement, fans guerre, Se fans hazard,ils en- in
FEVÉE K L'HOMEFIETÊ. treprindrent de le faire par trahifon : ce qu'ils ne peurent honnefte- |c.
ment,ils le firent vtiiement. A quoy fetrouua propre vnPomponius \\
Flaccus: \{
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