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LIVRE PREMIER. J 9
géant fa voix 6c fes yeux d'eftonncment 6c de pénitence : cherchant
a connillcr 6c à fe deïrober, il les enflamma 6c appelia fur foy. On deliberoit
de faire vne montre générale de diuerfes troupes en armes:
c'eft le lieu des vengeances fecretes, 6c n'en eft poin t où en plus grande
feureté on les puifle exercer : il y auoit de publiques 6c notoires apparences,
qu'il n'y faifoit pas fort bon pour aucuns, aufquels touchoit
la principale 6c necelTairc charge de les recognoiftre. Il s'y propofa
diuers confeils, comme en chofe difficile, 6c qui auoit beaucoup
de poids 6c de fuitte: Le mien fut, qu'on euitaftfur tout de donner
aucun refmoignage de ce doute, 6c qu'on s'y trouuaft 6c mellaft parmy
les files, la tefte droite, 6c le vifage ouuerr - }6c qu'au lieu d'en retrancher
aucune chofe, à quoy les autres opinions vifoient le plus, au
contraire, l'on follicitaft les Capitaines d'aduertir les foldats de faire
leurs falues belles 6c gaillardes en l'honneur des affiftans, 6c n'efpargner
leur poudre. Cela feruit de gratification enuers ces troupes fufpectes,
6c engendra dés lors en auant vne mutuelle 6c vtile confidence.
Lavoye qu'y tint Iulius Casfar,ie trouue que c'eft la plus belle Moyens de c /",
cju'ony puiffe prendre. Premièrement il effaya par clémence, à fe fai- pour fe faire ?
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re ay mer de fes ennemis mefmes, fe contentant aux coniurations qui ^ f
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luyeftoientdefcouuertes,de déclarer fimplement qu'il en eftoit ad- mes
uerty : Cela fait, il prit vne tres-noble refolution, d'attendre fans
effroy 6c fans folicitude,cequiluyenpourroit aduenir,s'abandon-
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nanr 6c fe remettant à la garde des Dieux 6c de la fortune. Car cer tainement
c'eft l'eftat ou il eftoit quand il fut tue. Vn eftranger ayant
dit & publié par tout, qu'il pourrait inftruirc Dionyfius Tyran de
Syracufe, d'vn moyen de fentir 6c defcouurir en toute certitude les
parties que fes fubjets machineroient contre luy , s'il luy vouloit
donner vne bonne pièce d'argent, Dionyfius en eftant aduerty, le fit
appeller à foy, pour s'efclaircir d'vnartfineceflaire àfaconferuation:
cet eftranger luy dit, qu'il n'y auoit pas d'autre art, finon qu'il luy fift
deliurer vn talent, 6c fe vantaft d'auoir appris de luy vn fin guher fecret.
Dionyfius trouua cette inuention bonne, 6c luy fift compter fix Moyen fecret de
censefeus. Un eftoit pasvray-femblable,qu'il euftdonné fi grande Dionyfms.pcurdef
fomme à vn homme incognu, qu'en recompenfe d'vn tres-vtileap- CCMmr
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pren tilfage, 6c feru oit cette réputation à tenir fes ennemis en crainte. 1 f es uhlets
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» S . r II I I ,I I annotent Contre
Pourtant les Princes lagement publient les aduis qu ils reçoiuent des ^
menées qu'on drelTe contre leur vie ; pour faire croire qu'ils font bien
aduer tis, 6c qu'il ne fe peut rien entreprendre dequoy ils ne fentent le
vent. Le Duc d'Athènes fit plufieurs fottifes en l'eftabliiTement de
fa frefche tyrannie fur Florence : mais cette-cy la plus notable,
qu'ayant receu le premier aduis des monopoles que ce peuple dreffoit
contre luy,parMattheo diMorozo, complice d'icelles: il le fit
mourir, pour iupprimer cet aduertiffement, 6c ne faire fentir, qu'aucun
cn la ville s'ennuyait de fa domination. Ilmefouuient auoir leu
autrefois l'hiftoire de quelque Romain, perfonnage de dignité, le^
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