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7rf ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
Parler'par efcrlt, parler en lifant fon efcric : outre ce qu'il eft trcs-inepte,il eft de grand
tres-inepte, & de defauàtage à ceux, qui par nature pouuoiét quelque chofe en l'adio.
grand defammage. £ t j e m c i e t t e r à J a m ercy de mon inuention prefente, encore moins;
le I'ay lourde & trouble, qui ne fçauroit fournir aux foudainesneceffitez,
tk importantes. Lailfe, Ledeur, courir encore ce coup d'effay,
&ce troiiîefme alongeail, du refte des pièces de ma peinture. I'adioufte,maisienc
corrige pas: Premièrement, parce que celuy qui a hypothéqué
au Monde fon ouurage, ie trouue apparence, qu'il n'yait
plus de droid : Qu^il die, s'il peut, mieux ailleurs, tk ne corrompe la
befongne qu'il a vendue' : De telles gens, il ne faudroit rien acheter
qu'après leur mort: Qufils y penfent bien, auant que de fe produire.
Quilcshafte? Mon Liure eft toufiours vn:fauf qu'à mefure qu'on fc
meta le rcnouueller, afin que l'acheteur ne s'en aille point les mains
du tout vuides,ic me donne loy d'y attacher, comme cen'cftqu'vne
marqueterie mal iointe, quelque emblème fupernumeraire. Ge ne
font que furpoids, qui necondamnent point la première forme,mais
donnent quelque prix particulier à chacune des fuiuantcs,par vne
petite fubtilité ambitieufe. De là toutefois il aduiendra facilement,
qu'il s'y méfie quelque tranfpofition de chronologie : mes contes
prenans place fclop. leur opportunité, non toufiours félon leur âge.
Secondement, à caufe que pour mon regard, ie crains dè perdre au
change. Mon entendement ne va pas toufiours auant,il va à reçu-,
Ions auffi: le ncmedeffie guercs moins de mes fantafics, pour eftre
fécondes ou tierces,quepremieres : ouprefentes,que paffées: Nous
nous corrigeons auffi fortement fouuent, comme nous corrigeons
les autres. le fuis enuieilly de nombre d'ans,dcpuis mes premières publications
, qui furent l'an mille cinq cens quatre vingts. Mais ie raisdoute
que ie fois alfagy d'vn pouce. Moy à cette heure, tk moy tantoft,
fommes bien deux. Quand meilleur, ie n'en puis rien dire. Il Cc-t
roit bel eftre vieil,il nous ne marchions pas vers l'amendement. C'eft
vn mouuement d'y uroigne, titubant, vertigineux, informe : ou des
Efirits 'd'^intio' ionchez,que l'air manie cafuellement félon foy. Antiochus auoit vichiscomgezifurfei
goureufement eferit en faueur de l'Académie: il print fur fes vieux
yieufc ans. ans vn autre party : lequel des deux iefuiuiffe, feroit-ce pas toufiours
fuiure Antiochus? Apres auoir eftably le doute, vouloir cftabhrla
certitude des opinions humaines, eftoi t-ce pas eftabhr le doute, non
la certitude? & promettre, qui luy euft donné encorvn âge à durer,
qu'il eftoit toufiours en termes de nouuelle agitation : non tant meillcure,qu'autre.
La faueur publique m'a donne vn peu plus de hardieffe
que ie n'efperois : mais ce que ie crains le plus, c'eft de faouler. I'ay -
merois mieux poindre que laffer. Commeafaitvn fçauant homme
louange toufwm ^ temps. La louange eft toufiours plaifantc, de qui, & pourplaifante.
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f. r . , ciuov elle vienne : Si raut-il pour s en agréer îuitement, citre inrormç
Pires Efcrits, les J / r c F r O J R
plm efltme^ dupo- de fa caufe. Les imperredions melme ont leur moyen de le recom-
$u\aire. mander. L'eftimation vulgaire tk commune, fe void peu heureufe cn