r - Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

\te ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
iiennes principales : Comme qui loûeroit vn Roy d'eftre bo peintre^ r
ou bon architeârCjOU encore bon arquebufîer,ou bon coureur de ba-f
gue : Ces louanges ne font honneur,fi elles ne font prefentes en fou- "
le, & à la fuitte de celles qui luy font propres : à fçauoir de la iuftice,& ^
de la feience de conduire fonpeuple en paix & en guerre : De cette fa- 1511
çon fait honneur à Cyrus l'agriculture, & à Charlemagne l'eloquen- ^
ce, & cognoiffance des bonnes Lettres» I'ay veu de mon temps, en ^
plus forts termes,des perfonnages,qui tiroient d'eferire, & leurs til- f
tres,& leur vocation; defaduouër leur apprentiffage, corrompre leur ^
plume, tk affecter l'ignorance de qualité fort vulgaire, &c que noftre
peuple tient, ne fe rencontrer guère en mains fçauantes: ^prendre ^ !
foucy, de fe recommander par de meilleures qualitez. Les compa- îf 1
gnons de Demofthenes en l'ambaffade vers Philippus,loiioientce t
Louanges des grads Prince d'eftre beau, éloquent, & bon beuueur : Demofthenes difoit è
ne conjïjle tn chofes que c'eftoient louanges qui appartenoient mieux à vnefemme, à vn \i
communes. Aduocat, àvncefpônge,qu'àvnRoy. %
Que d ' v n règne Pru- Imperet bellante prior 3 iacentem I
dec il e m b r a f l e r a h g l o i - * • • t n
te, oj^ii foit braue au Lents in hojtem. I
v°àïire.' HorM^L». la
Ce n'eft pas faprofcifion de fçauoir,ou bienchaffer,oubiendanfer : 1
Ceux-là harenguerôt, Orabunt caufas alijj calïaue meatus j
ces autres désigneront
d'vne baguette Tes cer-
T A r • r ;. r jr . r i i. ^ .
uCj crwent radio > tuigentiapaera aicentt ^
cï** d S £ Hic regere imperiopopulosfeiat. ,
c ^ o i S n o " ? i - u X Plucarquedit dauantage, quedeparoiftre fî excellent en ces parties \
régir ^Peuples en moins neceffaires, c'eft produire contre foy le tefmoignage d'auoir g
c o H i n u u - n t n»A. m ai dirpenfé fonloiilrj&c rcftudc,quideuoit eftre employé à chofes £
Lesgransne 01- pj us nccefïaires & vtiles.De façon que Philippus Roy deMacedoinc, .1
uent exceller es par- Y ï - M Y Y J % > îj
ties moins neceffai- ayant ouy ce grand Alexandre ton nls, chanter en vnreitin, al enuy u
res. des meilleurs Muficiens : N'as-tupas honte, luy dit-il, dechanterfî j/
bien 3 Et à ce mefme Philippus, vn Muficien contre lequel il débat- ^
toit de fon art : la à Dieu ne plaife, Sire, dit-il, qu'il t'aduienne iamais ^
tant de mal, que tu entendes ces chofcs-là mieux que moy. VnRoy ^
doit pouuoir refpondre,comme Iphicrates refpondit à l'Orateu r qui
le prefloit en fon inuectiue de cette manière : Et bie qu'es tu,pour fai- ,, !
re tant le braue? es-tu homme d'armes, es-tu archer, es-tu piquier ? le 1,
ne fuis rien de tout cela ; mais ie fuis celuy qui fçait cômander à tous .
ceux-là. Et Antifthenes print pour argument de peu de valeur en If- j 1
menias,dcquoy on le vantoit d'eftre exceller ioiieur de fluftes. le fçay ^
Langage des Effau, bien,quand foy quelqu'vn qui s'arrefte au langage des Effais,quc i'ay- V
merois mieux qu'il s'en teuft. Ce n'eft pas tant eUeucr les mots, corne 11
déprimer le fens : d'autant plus picquammcnt,que plus obliquement. ?^
Si luis-ie trompé fi guère d'autresdonnent plus àprendre en la matie- T 1
re : &c comment que ce foit, mal ou bien, fi nul Efcriuain l'a femée, ^
ny guère plus materielle,ny au moins plus drue, en fon papier. Pour l 1
^
en ranger dauantage, ie n'en en taffe que les teftes. Que i'y attache leur k
fuitte, ie multipheray plufieurs fois ce volume. Et combien y ay-ie- H