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jSi ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
à vn homme de mon humeur, û elle luy coufte trois bonsaccez de
colique. La fanté de par Dieu ! Ceux qui aiment noftre Médecine,
peuuent auoir aufti leurs confiderations bonnes, grandes & fortes : ie
ne hay point les fantaifies contraires aux miennes. Il s'en faut tant
queie m'effarouche, de voir de la difeordance de mes iugemens à
ceux d'autruy, & que ie me rende incompatible à la focieté d&s hommes
, pour eftre d'autre fens &c party que le mien : qu'au rebours,
( comme c'eft la plus générale façon que Nature aye fuiuy, que la va-
r i e t é
y &
P
l u s a u x c f b r i t s
qu'aux corps, dautant qu'ds font de fubftan-
mes mes t eje, c ep m s fouplc & fqjfjeptible déformes) ie trouue bien plus rare, de
voir conuenir nos humeurs, &nosde(feins. Et ne fut iamais au Monde
, deux opinions pareilles, non plus que deux poils, ou deux grains.
Leur plus vniuerfelle qualité, c'eft la dmerfité.
FIN DV SECOND LIVRE.