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ifc. ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
viwt du iour à la donnent. le vis du iour à la iournée, & me contente d'auoir dequoy
fournie. fuffire aux befoins prefens 6c ordinaires : aux extraordinaires toutes
les prouifions du monde n'y fçauroient fuffire. Et cft folie de s'attendre
que fortune cllc-mefme nous armeiamais furfifammentcontre
foy. C'eft de nos armes qu'il la faut combattre. Les fortuites nous trahiront
au bon du faict. Si i'amaiTe, ce n'eft que pour l'cfpcrance de
quelque voifine emploitc ; ôc non pour acheter des terres, dequoy ie
Sèlîetoe jlfdffireux n' a
y que faire, mais pour acheter du plaifir. Nonejje cupidnm jecuniade
bien :c'eii vn aibuc eft : n o n effe emace m/vc éliraie(l. le n'ay ny guère peur que bien me faille.
que de n'eftre point •> . -> J
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tenté du defu- d'ache- ny nul dclir qu il augmente. Dimtiarumfructw ejtin copia : copiam aeclater.
CK.fMrsH.VI. RATç Ati ctM^ £ t m e g ratifl c fingulierement que cette correction me
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hiéc en vn âge naturellement enclin à l'auarice, & que ie me
ia faticté deciate la- Vois desfait de cette folie fi commune aux vieux, & la plus ridicule de
bondance. CÏC.FUR.i/L. , , R .. . . ~v 1
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toutes les humaines roues. Feraulez, qui auoit paiie par les deux ror-
^4ccroip de che- tunes, & trouuéquel'accroiftdccheuance,n'eftoitpasaccroiftd'apuance.
petit,au boirc,manger,dormir,& embraffer fa femme: ôc qui d'autrepart
fentoit poifer furfes efpaules l'importunité de l'œconomie,
ainfi qu'elle fait à moy, délibéra de contenter vri ieune'homme pauftichejfes
meftri- urc,fon fidèle amy ,abboyant après les richeffes : ôc luy fit prefent
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' de toutes les fiennes, grandes ôc excefliues, ôc de celles encor qu'il
eftoit en train d'accumuler tous les iours par la libéralité deCyrus
fon bon maiftre, & par la guerre : moyennant qu'il print la charge de
l'entretenir Ôc nourrir honneftement, comme fon hofte Ôc fon amy.
Ils vefeurent ainfi depuis tres-heureufement : ôc efgalement contens
du changement de leur condition. Voila vn tour quei'imiterois
de grand courage. Et loue grandement la fortune d'vn vieil Prélat,
que ie voy s'eftre fi purement démis de fa bourfe, Ôc de fa recepte, 6c
de fa mife, tantoft a vn feruiteur choifi,tantoft à vn autre: qu'il a
coulé vn long efpace d'années, autant ignorant cette forte d'affaires
Fiance de labonté de fon mefnage, comme vn eftrangcr. La fiance de la bonté d'aud'ataruy.
truy, eft vn non léger tcfmoignage de la bonté propre : partant la
fauorife Dieu volontiers. Et pour fon regard, ie ne voy point d'ordre
de maifon, ny plus dignement ny plus conftamment conduit
quele fien. Heureux, qui aitreigléà fiiuftemefurefonbefoin, que
les richeffes y puifTcnt fuffire fans fon foin &empefchement : ôc fans
que leur difpenfation ou affemblage , interrompe d'autres occupations
, qu'il fuit, plus conuenables , plus tranquilles, 6c félon
^iifance &'mdi- fon cœur. L'aifance donc, 6cl'indigence,dépendent de l'opinion
gence3 d'où depen. d'vn chacun : 6c non plus la richeffe, que la gloire, que la fanté,
à* nu n'ont qu'autant de beauté 6c de plaifir, que leur en prefte celuy qui
les poffede. Chacun eft bien ou mal, félon qu'il s'y trouue. Non
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fe donne effence 6c vérité. La fortune ne nous
t,on,bonne OH matt- fait ny bien ny mal: elle nous en offre feulement la matière &Ia fcttaife.
menec : laquelle noftre ame,plus puiffante qu'elle,tourne Ôc applique