r - Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

383 ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
ïjlre le plus cher & n o u s f aut noter, qu'à chaque chofe, il n'eft rien plus cher,& plus
L
2aletoT hU
^ cftimablequefoneftreUeLyon,l*aigle,ledaurjhin, ne prifent rien
c aque op. au dclTus de leur efpece) & que chacune rapporte les qualitez de toutes
autres chofes à fes propres qualitez: lcfquelles nous pouuons bien
eftendre & racourcir, mais c'eft tout : car hors de ce rapport, & de ce
principe,noftre imagination ne peut allerme peut rien diuiner autre,
& eft impoffible qu'elle forte de là,& qu'elle paffe au delà. D'où naif-
Forme de t homme, ç c m c c s a n ci e n n e s conclufions. De toutes les formes, la plus bel-
Uplmbelledetoutes ^ ^ ^ d c 1 > h o m m e . D l e u donc eft de cette forme. Nulnepeut
les formes. n i r i n r • r 1 i •r
eftre heu reux ians vertu :ny la vertu élire lans raiion:& nulle raiion
:en neftrea- mai nefigure./ta c/?informatumfjj
cda eft imprimé & loger ailleurs qu'tn l'humaine figure. Dieu donc eft reueftu del'hu-
4
antiapatummentibusnoftris/vthomimi me ; qn au/fi-toft que £ • r 1 n J'f 1 C
l'homme penfeàDjeu, quumdeDco cogitetforma occurrat bumana. rourtant diloitplailammet
frc f
àiu7 x*!rV,r. ° XenophanesiQue fi les animaux fe forgent des Dieux, comme il eft
Dieux firgezipar vray-femblable qu'ils facent, ils les forgent certainement de mefme
Us animaux. eux, & fe glorifient comme nous. Car pourquoy ne dira vn oy fon
ainfi-.Toutes les pièces de l'Vniuers me regardent, la terre me fert à
marcher , le Soleil àm'efclairer , les eftoilles à m'infpirer leurs influences
: i'ay telle commodité des vents, telle des eaux : Il n'eft
rien que cette voûte regarde fi fauorablement que moy : le fuis le
mignon de nature? Eft-ce pas l'homme qui me traite, qui me logeai
me fert? C'eft pour moy qu'il fait &femer& moudre: S'il me
mange, aufli fait-il bien l'homme fon compagnon: & fi fay-ie moy
les vers qui le tuent, & qui le mangent. Autant en diroit vne grue ,
Tant u nature eft fia- & plus magnifiquement encore pour la liberté de fon vol., & la pof-
ttuferoent courtière & ~ A. i i ii i • ~n i l 1 •/• J
conciliatrice de foy- lelii on de cette belle & haute région. Tarn blanda conciliatrix > (jyjftam
meme
' '' fuiefilenaipfanatura. Ordoncpar ce mefme train, pour nous font les
Dieux contre es Jeftinées, pour nous le Monde, il luit.il tonne pour nous :& le Crcanommes
en guerre. „ 1 r
ni 1 1 . N \
ta S ! e
qûe fl
* teur, exile s créatures, tout elt pour nous. C eitlebut&lepoinctou
L n
ma£ vife l'viiiuerfité des chofes. Regardez le regiftre que la Philofophiea
dHercuie lurmonta: tenu deux mille ans & plus, des affaires celeftes:les Dieux n'ont agi,
«font Je Ciel lumineutc , X ' r \
demeure du vici San, r- n ont parle que pour l'homme ? elle ne leur attribue autre conlulta-
ne.tremblafousl'efrroy • _ J
du perii. Ror.i.z. . ~
non & autre vacation. Les voua contre nousenguerre.
Dieux parti fans à« domitoffue Herculca manu
troubles des homes. TeUur'is iumna, vnde periculum
Neptune eitranle icX FulçenS COUtremuit domUS
de fon trident eftroyaT C •
ble, les mut s & les fo*r ^ dtHmi ieteW.
«S de'ïombîê en Les voicy partifans de nos troubles, pour nous rendre la pareille de ce
W ia cité de fon fi c- q U e tant de fois nous fommes partifans des leurs :
f
e : deta Iunon flam- « X
antede cruauté,s'eft, Neptunms muros > magnoaue emota tridenti
comme chef dss Gre«. r I / ^ r 11 F
faifie de la porte Sca*. , t Undammta CjUAtlt , tOtamCplC A Jed
* netd
; *' Eruit:hîc Iuno Scœas fœuiflima portas
Dieux eltrano-ers, • r> •
banni*pailes%u- t Prima tenet. • .
niem à coups de Ees Cauniens, pour la ialoufiedc la domination de leurs Dieux pro-
#*i&u pres,prennent armes cn dos,le iour de leur deuQtion,& vont courant