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LIVRE PREMIER. 183
comme il luy plant: feule caufe & maiflreffe de fa condition heureufe
ou mal-heureufe. Les accelfions externes prennent faueur &
couleur de l'interne conftitution : comme les accouftremens nous
cfchauffent non de leur chaleur, mais de la noftre, laquelle ils font
propres à couuer tk nourrir: qui en abricroit vn corps froid, il en
tireroit mefme feruicc pour la froideur : ainfi fe conferue la neige
& la glace. Certes tout en la manière qu'à vn fainéant l'eftudefert de Similitude,
tourment,à vn yurongne l'abftinence du vin, la frugalité eftfuppliceau
luxurieux, tk l'exercice géhenne à vn homme délicat &oifif-,
ainfi en eft-il du refte. Les chofes ne font pas fi douloureufes, ny
difficiles d'elles-mefmes : mais noftre foibleffc tk lafeheté les fait telles.
Pour iuger des chofes grandes tk hautes, il faut vne amc de
mefme, autrement nous leur attribuons le vice, qui eft le noftre.
Vn auiron droit femble courbe en l'eau. Il n'importe pas feulement
qu'on voyc la chofe, mais comment on lavoye. Or fus,pourquoy
de tant de difeours, qui perfuadent diuerfement les hommes de mefprfo
la mort, & de porter la douleur, n'en trouuons-nous quel- opinion de la don*
qu'vn qui face pour nous? Et de tantd'efpeces d'imaginations qui ietir
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ont perfuadé cela à autruy,que chacun n'en applique-il à foy vne
le plus felonfon humeur i S'il ne peut digérer la drogue forte &abfterfiue,
pour defraciner le mal, au moins qu'il la prenne lenitiue
pour le foulager. Opinio eft cjuœdam ejfœminata ac lenis : necin dolore ma- ^ J ^ 0
^ c ^ n t ^
vis, ma n eadm in voluptate: qita } quum liquefcimus flmmufque mollitia, friuoic, & non moins
è> i 1 J J I 1 JJ en lavolupte quen la
apisaculeumline clamorcferre nonpoJjHmus. Jomm ineoelt 3'vt twiimperes. douleur'; par laquelle
i t >ri_ M T»1 M f 1 • C • 1 • comme nous fondons
Au demeurant on n eienappepas a la Pniioiopnie, pour raire valoir & coulons de moieiie,
outre mefureI'afpretédesdouleurs,&humainefoiblefre. Caronla «^UïSr ujil
contraint de fe reietter à ces inuincibles répliques : S'il eft mauuais queme d'vue abeille.
rr r • 1 • rr r \ n Tout le fecret donc gUt
de viure en neceflite, au moins de viure en necellite, il n eft aucune , que m feaches te
,f / VT l , n 1 1 „ > N
rr /-\->i comraaudcr. Cie,Thnfc,
necefhte. Nul neit mal long-temps qu a iaraute. Quin a le cœur
T>e ne communiquer fa gloire,
de fouiîrir ny la mort ny la vie 5 qui ne veut ny refifterny fuir, que
luy feroit-on?
"
CHAPITRE XLI.
E toutes les refucries du monde, la plus receuë tk "plus
vniuerfclle, eft le foin de la réputation tk de la gloire, Soin de Ureputa^
', que nous efpoufons iufques à quitter les richeffes, le re- tl0n
«3* ^ iagloireK pos, la vie tk la fantc,qui font biens efTectuels &fubftan~
tiaux, pour fuiurc cette vaine image, tk cette fimple voix, qui n'a ny
corps ny prife :
Lafama cb'inuaghijce a vn dolce fuonQ^ Tafto